LIBERATION
Société 16/10/2009 à 00h47
«On ferme des centres IVG alors qu'on en manque»
Interview
Alors qu'une manifestation est prévue samedi à Paris pour défendre les droits des femmes, la militante Maya Surduts revient sur les menaces qui pèsent aujourd'hui sur le droit à l'avortement.
Samedi, une manifestation pour les droits des femmes est organisée à Paris. Maya Surduts, militante du Collectif national des droits des femmes, revient sur les menaces qui pèsent sur le droit à l'avortement.
Combien d'interruption volontaire de grossesse (IVG) sont pratiquées en France chaque année ?
Environ 200.000. On a du mal à avoir des chiffres précis et de manière régulière, mais globalement le nombre d'interruption de grossesse est stable en France depuis des années. Et je contredis tout de suite ceux qui pensent que c'est trop: on est dans la moyenne européenne et la France peut se targuer d'avoir le deuxième taux de fécondité le plus élevé en Europe (après l'Irlande)...
Quelle est la situation aujourd'hui en France pour une femme souhaitant avorter ?
Il ne faut pas croire que ce soit simple. L'IVG reste un tabou. Quand une femme avorte, elle ne le dit pas. La plupart n'en parlent pas, se plaignent peu alors que certaines sont traitées comme des chiens à l'hôpital. Celles qui viennent pour un deuxième avortement sont vues comme des récidivistes commettant un crime.
Il est malgré tout plus facile d'avorter qu'avant, non ?
Certes, nos luttes nous ont permis d'obtenir des avancées. Je pense à la loi de 2001, relative à l'IVG et la contraception. Désormais, les mineures n'ont plus besoin de l'autorisation parentale pour avorter. Et les étrangères ne doivent plus prouver qu'elles vivent en France depuis plus de trois mois. Mais, il reste des combats à mener, notamment sur la contraception. Aujourd'hui, seules certaines pilules sont remboursées... Il y a aussi un manque d'information, auprès des jeunes notamment. En Hollande, où le nombre d'IVG est très bas, il y a une éducation à la sexualité dès la maternelle! Nous avons encore des progrès à faire.
Mercredi, on apprenait la fermeture d'un centre IVG dans le 20e arrondissement à Paris, le troisième supprimé dans la région¹ depuis le mois de mai. Que faut-il en penser?
On ferme des centres alors qu'on en manque. C'est la conséquence directe du démantèlement de l'hôpital public. Des centres IVG, souvent rattachés à des maternités, ferment sur de simples considérations de rentabilité. Le discours est toujours le même: «pas assez d'actes chirurgicaux. On privilégie les regroupements...» Les patients doivent alors se tourner vers de gros hôpitaux... Déjà surchargés!
S'ajoute un autre problème: pratiquer des IVG n'est pas valorisant pour le praticien. On se bat depuis des années pour obtenir une revalorisation de l'acte pour qu'il soit facturé comme une fausse couche (900 euros). On est passé l'année dernière de 200 à 300 euros, cela ne suffit pas évidement. Surtout qu'aujourd'hui, on le sait bien -et c'est vrai pour la médecine en général- les actes sont pratiqués en fonction de leur valeur marchande.
¹A Paris, trois centres IVG ont fermé depuis le mois de mai : à l'hôpital Jean-Rostand à Ivry-Sur-Seine, à Broussais dans le 14e arrondissement, et enfin à Tenon, dans le 20e.
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