BLOG D'ERIC HAZAN LEMONDE.FR
09 octobre 2009
Quand Eric Woerth allait chercher des fonds en Suisse
L’article d’Antoine Menusier, correspondant à Paris du quotidien suisse “Le Matin”, daté du 20 septembre, est passé inaperçu en France, sauf du “Canard enchaîné” et de quelques responsables de l’UMP auxquels il a causé quelques frayeurs… Il relate le voyage à Genève, le 23 mars 2007, d’Eric Woerth, alors trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, accompagné de Patrick Devedjian, à l’époque député des Hauts-de-Seine.woerth2.1255083532.jpg
“Cette visite (…) avait un but, écrit Antoine Menusier, récolter de l’argent pour financer l’«effort de guerre» du candidat de la droite, opposé à sa rivale socialiste, Ségolène Royal. Le comité de soutien UMP Suisse avait vu grand pour accueillir les émissaires de Sarkozy: une réception à l’Hôtel Crowne Plaza en début de soirée, suivie d’une réunion au Caviar House, dans la très chic rue du Rhône, avec le «premier cercle», autrement dit, les donateurs les plus fortunés.”
“Eric Woerth ne cherchait pas alors à savoir si les chèques qu’on lui remettait étaient prélevés sur des comptes suisses non déclarés au fisc français», raconte un banquier français opérant dans une banque genevoise, cité par le correspondant du “Matin” qui précise : “S’il parle aujourd’hui, c’est qu’il est dégoûté par les «techniques peu glorieuses» employées en ce moment par le même Woerth pour faire plier les évadés fiscaux.”
Selon le “Canard enchaîné” daté du 7 octobre, cet article a provoqué “un véritable branle-bas de combat au siège de l’UMP. Les responsables du parti majoritaire cherchent surtout à savoir si quelques généreux donateurs ne figureraient pas malencontreusement sur la liste des 3.000 éwoerth4.1255091789.JPGvadés fiscaux que Woerth clame détenir.”
La Suisse n’a pas toujours été villipendée comme paradis fiscal. Avant de devenir président de la République, Nicolas Sarkozy fut, notamment, avocat d’affaires. A ce titre, il accompagnait des clients à Genève et les introduisait auprès de financiers, rapporte le site Rue89 en date du 2 avril 2009.
La femme d’Eric Woerth, Florence, est gestionnaire de patrimoine au sein de Clymène, la structure qui gère le patrimoine personnel de Liliane Bettencourt, précisent Claire Gatinois et Anne Michel dans “Le Monde” du 23 janvier 2009. L’épouse du ministre veille aux intérêts de l’héritière du groupe L’Oréal, filiale de Nestlé, 7ème fortune mondiale en 2008 selon le magazine Forbes, la plus grande de France. “Clymène, écrit Antoine Menusier, a transféré 280 millions d’actifs de sa cliente sur un compte UBS [Union de banques suisses]. [Le ministre] n’est bien entendu pas responsable des activités de sa femme, mais il serait étonnant que l’un et l’autre n’aient pas échangé leurs vues sur les pratiques des banques suisses.”
Dans leur livre, Sarkozy et l’argent roi, signale Anthony Lesme sur Bakchich , les journalistes Renawoerth3.1255083679.jpgud Dély et Didier Hassoux, respectivement de Marianne et du Canard enchaîné, dévoilent l’existence du Cercle de France. L’organisation serait chapeautée par Eric Woerth. À la page 73, on apprend que le ministre du Budget également trésorier de l’UMP, a reçu “par trois fois les donateurs de la campagne présidentielle de Sarkozy. “ Lors d’un entretien avec l’un des auteurs, Éric Woerth s’est justifié, “c’était pour les remercier, dit-il. C’est une simple question de politesse, c’est la moindre des choses, non ?” Elise Karlin précise dans L’Express que : “Le 3 septembre 2007, c’est au Bristol que Nicolas Sarkozy reçoit les plus généreux donateurs de sa campagne présidentielle.”
Le site woerth1.1255083361.jpgBakchich ajoute “si les contacts sont encore réguliers, c’est qu’en 2012, Nicolas [Sarkozy] compte encore sur eux.” Bakchich encore, qui sous la plume de Marion Mourgue dresse le portrait d’Eric Woerth, qui ferait partie du cercle fermé des ministres préférés du président : “Affable, courtois, le ministre la joue pourtant « collectif ». Et un chouia convenu: « Je n’ai pas de conflit de personne avec les autres ministres. Ce n’est pas mon caractère. Je cherche à arranger les choses, dans les règles du cadre fixé. On participe tous à une politique commune.» (…) “Le Budget peut-il être un tremplin politique ?, se demande Marion Mourgue. Le ministre n’esquive pas : « Si je peux accéder à de plus larges responsabilités, j’en serais heureux »
(Mor, qui a fait le dessin ci-dessus exagère vraiment ! J’ai compté : le ministre n’a pas autant de verrues)
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