25/04/2010

BAC = clé d'étranglement = mort

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[Resistons rezo] Grasse: la mort d’Abdelhakim Ajimi. ,"La police épinglée pour une bavure"‏


l'Humanité
le 23 avril 2010

La police épinglée pour une bavure

La Commission nationale de déontologie de la sécurité réclame des
sanctions disciplinaires contre les policiers impliqués dans la mort
d’Abdelhakim Ajimi.


Nouvel élément à charge pour les policiers impliqués dans la mort, en
mai 2008, d’Abdelhakim Ajimi. Le 12 avril dernier, la Commission
nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) publiait son avis,
recommandant que les deux fonctionnaires de police qui avaient procédé à
l’arrestation du jeune homme de vingt-deux ans dans la ville de Grasse,
ainsi qu’un policier municipal, « fassent l’objet de poursuites
disciplinaires ».
La CNDS reproche notamment aux deux premiers d’avoir
« méconnu l’article 9 du Code de déontologie de la police nationale »
qui précise qu’un fonctionnaire de police ne peut faire de la violence
« qu’un usage strictement nécessaire et proportionné au but à
atteindre ». Saisie par les sénatrices Nicole Borvo et Alima
Boumediene-Thiery, la CNDS suggère également « des sanctions
disciplinaires » contre les quatre membres de l’équipage de police
secours qui ont transporté Hakim Ajimi, pour « ne pas avoir pris de
mesure pour se rendre compte de l’état de détresse de l’interpellé ».

dix minutes d’étranglement

Cuisinier au chômage, Hakim Ajimi s’en était ce jour-là vivement pris à
un employé et au directeur de l’agence du Crédit agricole où il avait
tenté sans succès de retirer de l’argent. Avertis, deux agents de la
brigade anticriminalité (BAC) avaient tenté alors de l’interpeller.
Hakim s’était débattu violemment, jusqu’à l’arrivée de cinq
fonctionnaires municipaux. Il avait été rapidement plaqué au sol et
menotté, ce qui n’avait pas empêché un des membres de la BAC de lui
faire une clé d’étranglement pendant au moins dix minutes.
En le maintenant au sol tout ce temps, les policiers municipaux ont, selon la
CNDS, « contribué à l’empêcher de respirer convenablement ». Quand Hakim
a enfin été placé dans un véhicule de police secours, son corps semblait
déjà inerte. L’irréparable avait eu lieu. Imparable, l’autopsie a, en
novembre 2008, attribué le décès du jeune homme à « un mécanisme
d’asphyxie mécanique lente avec privation prolongée d’oxygène ».

Simplement consultatif, l’avis de la CNDS ne pourra constituer un
argument à charge. « L’important, c’est que ces policiers font
actuellement l’objet de poursuites judiciaires, depuis que la chambre
d’instruction d’Aix-en-Provence a ordonné leur mise en examen »,
explique Henri Leclerc, un des avocats de la famille Ajimi.
Une mise en examen qui n’a pas été simple à obtenir. En 2008, les deux agents de la
BAC n’avaient qu’un statut de « témoins assistés ». Seuls leurs cinq
collègues de la police municipale étaient mis en examen, mais seulement
pour non-assistance à personne en danger. Il a fallu l’action des
avocats et des interventions du procureur de la République de Grasse
pour que les deux policiers aient finalement à répondre à l’accusation
d’homicide involontaire. Une première victoire pour les proches d’Hakim,
qui ne cessent depuis sa mort de demander justice.

Camille Bauer


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