19/11/2010

UIMM ça balance ici et là...surtout là !

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L’ex-chauffeur de Dominique de Calan, délégué général adjoint de l’UIMM, a raconté au juge d’instruction la vie au jour le jour au sein de l’organisation patronale. Instructif et édifiant.
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Il a vu et entendu beaucoup de choses au sein de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM). Des choses insolites. Secrètes. Parfois peu reluisantes.
Ce témoin privilégié s’appelle Patrick Ciron. Âgé de 62 ans, il a été le chauffeur attitré – de 1997 à 2006– de Dominique de Calan, délégué général adjoint de l’UIMM et à ce titre collaborateur direct de Denis Gautier-Sauvagnac, qui en fut le président. Tous deux sont les acteurs clés d’un scandale qui fait l’objet d’une information judiciaire conduite depuis trois ans par le juge Roger Le Loire. Cette instruction qui a révélé l’existence d’une caisse noire de 600 millions d’euros destinée, selon la jolie expression de Gautier-Sauvagnac, « à fluidifier les relations sociales » devrait être terminée vers la fin de l’année…

Nous sommes en mai 2009. L’affaire de l’UIMM a déjà livré une bonne partie de ses secrets. Que ce soit la propension de ses dirigeants à retirer des sommes rondelettes dans les banques.
Que ce soit les gratifications – toujours en espèces – versées aux cadres supérieurs de l’organisation. Que ce soit encore les aides accordées à quelques syndicats de salariés. Certes, tous ces éléments sont précieux pour les enquêteurs. Pourtant, il leur manque l’essentiel : la vie de tous les jours avenue de Wagram, au siège de l’UIMM. Qui fait quoi ? Quelle est la répartition des rôles au sein de l’organisation ? Quelles sont les personnalités (syndicalistes, élus, ministres et même hauts magistrats, etc.) invitées par l’état-major de l’organisation ? L’homme capable de répondre à ces questions, c’est Patrick Ciron. Il a en effet conservé les feuilles journalières de son emploi du temps ! A-t-il des comptes à régler ? Est-il écoeuré par ce qu’il a vu ? Sans doute tout cela à la fois. Aussi, le 12 mai 2009, se rend-il chez le juge Le Loire. Deux autres rencontres suivront…
D’emblée, l’ex-chauffeur de Calan livre ses états d’âme, révélant qu’il travaillait 80 heures par semaine au mépris du droit social… sans pouvoir bénéficier de RTT ! Puis il dénonce le manque d’élégance de son patron. Comme ce jour où il l’accompagne pour dîner dans les environs de Chantilly chez le secrétaire général de FO, Marc Blondel. Ciron n’a pas oublié : alors qu’il se fait tard, le numéro deux de l’UIMM lui demande de laisser la voiture et de rentrer à Paris par ses propres moyens. Le malheureux fera du stop, la nuit, en pleine forêt, pour se rendre à la gare ! Ciron n’a pas davantage oublié qu’il lui est arrivé d’effectuer jusqu’à 2 000 kilomètres avec Calan en une seule journée !
Après avoir évoqué les retraits d’argent liquide à la Banque Martin- Maurel, avenue Hoche, et à l’agence BNP Paribas de Saint-Augustin – l’opération durait à peine cinq minutes –, le témoin aborde les relations entre les dirigeants de l’UIMM et les syndicalistes. C’est ainsi qu’il confirme que Calan était très lié à FO et à Blondel, tandis que Gautier-Sauvagnac, surnommé “DGS”, avait noué des contacts étroits avec la secrétaire générale de la CFDT, Nicole Notat. Puis il cite ceux qui rencontraient Calan : Alain Madelin, Gérard Larcher, futur président du Sénat, et Jean-Pierre Raffarin. Au passage, l’ex-chauffeur raconte que l’UIMM avait organisé un meeting de deux ou trois jours au Futuroscope de Poitiers… Une manière, confesse-t-il, « de le renflouer un petit peu ».
Les visiteurs familiers de l’organisation patronale
Le 9 juin, Patrick Ciron est à nouveau convoqué par le juge Le Loire. Avec un objectif clair : qu’il révèle qui, parmi les élus ou syndicalistes, avait droit aux libéralités de l’UIMM. Le sait-il vraiment ? En tout cas, Ciron se contente d’égrener les visiteurs familiers : essentiellement des élus de Démocratie libérale… Ces rencontres remontent aux années 1998-1999. Autre nom cité : celui de Jean-Pierre Chevènement, qui déjeune le 7 juin 1999 chez Laurent avec Denis Gautier-Sauvagnac. En cette année 1999, de nombreux rendez-vous, sous forme de repas, sont organisés entre représentants de l’UIMM et élus de la nation ou syndicalistes. Ce qui n’a rien d’exceptionnel. C’est, par exemple le 9 juillet, Daniel Dewavrin, le président d’alors de l’UIMM, et l’un de ses collaborateurs qui déjeunent avec Nicole Notat. C’est, le 15 juillet, Christian Poncelet, le président du Sénat, qui invite à la présidence de la Haute Assemblée les dirigeants de l’organisation patronale. Le 29 octobre, Patrick Ciron relate une rencontre surprenante : celle de Dominique de Calan avec le président de l’association des gens du voyage des Saintes-Maries-de-la-Mer. Une association dont le numéro deux de l’UIMM est le trésorier. Sur le ton de la plaisanterie, Calan indiquera à son chauffeur que s’il voulait lui causer des ennuis, il serait défendu par les gitans. Le 9 décembre, nouveau déjeuner, cette fois entre DGS, Alain Noqué, directeur des relations extérieures, et deux membres de la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur.
En 2000, année des 35 heures, rappelle Patrick Ciron, les rendez-vous se succèdent toujours à un rythme soutenu. Comme cette rencontre le 25 janvier, dès 8 heures “pétantes”, entre Calan et Michel Huc, le secrétaire général de FO métallurgie… Et bien d’autres encore. Comme ce déjeuner, le 7 mars, entre Gautier-Sauvagnac, Calan et Marylise Lebranchu, députée du Finistère. (Calan et l’élue socialiste se sont connus au conseil régional de Bretagne.) Le 27 avril, l’emblématique juge Eva Joly participe à un petit déjeuner au Club Concorde sur le thème “La justice en France”. Patrick Ciron pourrait parler des heures et des heures. Jusqu’à ce que le juge l’interrompe : « Quels étaient les rapports entre Dominique de Calan et Denis Gautier-Sauvagnac ? » La réponse fuse : « M. Gautier-Sauvagnac, c’était le “pape” et Calan était son subordonné. Mais Gautier-Sauvagnac le laissait faire pratiquement tout ce qu’il voulait. » Ciron poursuit : « À une période, il y a eu un peu de tiraillement entre les deux, car M. de Calan était plus axé sur la politique que sur ses fonctions à l’UIMM. » Puis l’ex-chauffeur continue de citer le nom des personnalités liées à l’UIMM. Au passage, il raconte qu’après la première visite, à la fin 2007, des policiers de la Brigade financière avenue de Wagram, Denis Gautier-Sauvagnac et Dominique de Calan ont fait “chauffer la broyeuse” pour détruire tous les documents compromettants. Et Ciron de rapporter que le personnel, mis au courant de l’opération, qui « n’avait jamais vu des patrons à la broyeuse, en a ri »…
Le 23 juin 2009, notre témoin prolixe refait un tour chez le juge Le Loire. Ce sera le dernier. Mais édifiant. Il raconte avec force détails comment il est parvenu à signer un accord transactionnel pour obtenir le paiement de ses heures supplémentaires que refusait de régler Calan. Comment ? Tout simplement en se livrant sinon à un chantage tout du moins à une pression en direction de l’UIMM. En lançant : « Je sais que M. de Calan utilisait sa carte Bleue professionnelle à des fins personnelles. » Ou encore : « J’ai un très bon ami, syndicaliste, qui est un ancien président du conseil de prud’hommes de Paris.» Finalement, le tenace Patrick Ciron récupérera son dû… Avant de quitter le juge, ce 23 juin, il martèle que si l’UIMM entretenait des relations avec tous les syndicats (CFDT, FO, CGC), les dirigeants de la CGT ne venaient jamais déjeuner avenue de Wagram.
Avant de terminer par une ultime observation. Carrément inquiétante : « Depuis ma dernière audition, […] j’ai réfléchi à pas mal de choses. Je me dis qu’ils avaient mis en place un système financier avec les chambres syndicales et qu’ils brassaient beaucoup d’argent, et je pense même à leur profit. »  Gilles Gaetner



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