11/02/2012

Affaire Bettencourt : derrière Woerth, Sarkozy

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Affaire Bettencourt : derrière Woerth, Sarkozy

Créé le 10-02-2012 à 14h28 - Mis à jour à 22h38      28 réactions

La mise en examen de l'ex-ministre place le chef de l'Etat dans une position plus que délicate, à quelques jours de sa déclaration officielle de candidature.


Nicolas Sarkozy et Eric Woerth (Sipa)
Nicolas Sarkozy et Eric Woerth (Sipa) 
"Eric Woerth est un homme honnête, c'est un homme compétent, c'est un homme qui a toute ma confiance." En juillet 2010, quand éclate l'affaire Bettencourt, Nicolas Sarkozy apporte un soutien appuyé à son ministre du Travail. Après la mise en examen d'Eric Woerth pour recel dans le volet financement politique illégal de l'affaire, jeudi 9 février, l'Elysée s'est refusé à tout commentaire. Cette mise en cause place le chef de l'Etat dans une position plus que délicate, à quelques jours de sa déclaration officielle de candidature. Derrière Eric Woerth, qui fut deux fois son ministre et surtout le trésorier de sa campagne de 2007, c'est en effet Nicolas Sarkozy qui est ciblé.
"Recel à raison d'une présumée remise de numéraire qui lui aurait été faite par M. Patrice de Maistre" : ce sont les accusations de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt qui ont décidé les juges à mettre en examen Eric Woerth, selon le communiqué du parquet de Bordeaux. Ces accusations étaient accablantes pour Nicolas Sarkozy.

Enveloppes de liquide

En juillet 2010, peu après la publication d'enregistrements clandestins réalisés au domicile de l'héritière de L'Oréal, Claire Thibout affirme que le gestionnaire de fortune de la milliardaire lui a demandé de retirer 150.000 euros en liquide en mars 2007. Il comptait, selon elle, les remettre à Eric Woerth, président de l'"Association de financement pour la campagne de Nicolas Sarkozy" et trésorier de l'UMP depuis 2002. Refusant de verser un montant aussi important, la comptable aurait finalement confié 50.000 euros à Patrice de Maistre.
Opération totalement illégale, les dons de particuliers aux partis politiques étant limités à 7.500 euros par personne et par an – 4.600 seulement en période de campagne –, et tout don supérieur à 150 euros devant être fait par chèque.
Eric Woerth, tout comme Patrice de Maistre, ont toujours démenti en bloc, et l'ancien ministre a même porté plainte contre Claire Thibout pour dénonciation calomnieuse. Mais elle n'a jamais abouti, et les juges semblent accorder davantage de crédit aux déclarations de la comptable, réitérées lors de nombreux interrogatoires.
Ses accusations ont été appuyées par plusieurs témoignages. "Le Monde" et "Mediapart" avaient ainsi publié en juillet 2010 les dépositions d'autres membres du personnel des Bettencourt confirmant les déclarations de Claire Thibout. Ils décrivaient un véritable système, le couple de milliardaires ayant régulièrement financé des personnalités politiques, de droite essentiellement, d'après eux, par le biais d'enveloppes en liquide.
En août 2011, la juge Isabelle Prévost-Desprez, dessaisie après avoir enquêté un temps sur l'affaire, affirmait à son tour qu'un témoin avait vu Nicolas Sarkozy se faire remettre des espèces Liliane Bettencourt en 2007. Le lendemain, ce fameux témoin, qui s'est révélé être l'ex-infirmière de l'héritière de L'Oréal démentait, ajoutant avoir été la cible de "menaces de mort" dans cette "affaire sensible".
Sarkozy demande encore de l’argent"
Surtout, les enquêteurs disposent d'éléments matériels pouvant corroborer les accusations portées contre Eric Woerth et le financement de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. Les agendas des protagonistes prouvent que des rendez-vous ont été fixés aux dates citées par la comptable. Les enquêteurs ont retrouvé la trace d'un retrait en espèces de 50.000 euros à l'agence et à la date indiquées par elle.
Les carnets de Claire Thibout montrent par ailleurs que plus de 380.000 euros ont été retirés en espèces sur les comptes de Liliane Bettencourt durant les quatre mois précédant l'élection présidentielle de 2007.
Les carnets de François-Marie Banier enfin – le photographe mis en examen pour abus de faiblesse sur la milliardaire dans un autre volet de l'affaire – saisis par la police, semblent eux aussi confirmer les dires de la comptable. Le protégé de Liliane Bettencourt y raconte notamment comment cette dernière aurait évoqué une remise d'argent à Nicolas Sarkozy au moment de la campagne présidentielle, au printemps 2007 : "De Maistre me dit que Sarkozy demande encore de l’argent".
Des éléments assez troublants pour justifier la mise en examen d'Eric Woerth. Ainsi qu'une réquisition judiciaire sur les comptes de campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, épluchés par les juges d'instruction, depuis janvier. Du plus mauvais effet pour celui qui s'apprête à endosser à nouveau les habits du candidat.
Anne-Sophie Hojlo
Par Anne-Sophie Hojlo
journaliste Le Nouvel Obsun article propulsé par TORAPAMAVOA :
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