05/02/2015

Ylies 6 ans, traité comme un terroriste.

Partager
.Les Inrocks : 

Une institutrice aurait fait jouer à un enfant de 6 ans le rôle d’un des frères Kouachi

05/02/2015 | 
(Jean-Paul Pellissier/Reuters)

Une mère de famille accuse une école d’avoir fait jouer à son fils le rôle d’un frère Kouachi lors 

d’une reconstitution. Le directeur et le rectorat nient, mais une autre parent d’élève soutient cette 

version des faits.

C’était juste après la fusillade à Charlie Hebdo. Ilyès, un petit garçon brun de 6 ans au regard malicieux, rentre chez lui un peu tristoune. Avec sa classe de CP, il a joué un “spectacle”, raconte-t-il à sa mère, dans le hall de la petite école maternelle Albert Becquart, au Manoir-sur-Seine, dans l’Eure. En général, Ilyès aime bien les spectacles. Mais là, quelque chose l’a chagriné : il aurait «tué un policier» avec son “frère”. “D’après ce qu’il m’a raconté, j’ai compris qu’il s’agissait d’une représentation pour paler aux enfants de l’attaque à Charlie Hebdo”, précise sa mère, Anaïs Bessayah, “c’était organisé par les instituteurs, à destination des enfants“. La mise en scène convoquait des «attaquants» et des policiers. Ilyès aurait bien voulu jouer un “gentil”, mais sa maîtresse aurait insisté, dit-il à sa maman. Ce fils d’un musulman Algérien et d’une Française convertie et voilée aurait donc endossé le rôle d’un “méchant”, autrement dit d’un des frères Kouachi, devant tous ses petits camarades.
La “sorcière” du Manoir
Il n’y a pas eu de spectacle, il n’y a eu aucun jeu de rôle, aucune pièce de théâtre“, se défend le directeur de l’école primaire, et instituteur, (qui avait refusé de nous répondre avant la publication de l’article mais tient maintenant à apporter sa version). Le rectorat de l’académie de Rouen, qui n’a toujours pas souhaité nous répondre, a  publié mercredi soir uncommuniqué appuyant ce démenti.
Le récit du petit garçon est pourtant confirmé par une de ses camarades de CP. “Ma fille m’a parlé de ce spectacle qu’ils ont fait dans le hall suite à la fusillade à Charlie Hebdo, et où Ilyès avait dû jouer le ‘méchant’”, rapporte Vanessa Pinchon, choquée qu’on ait infligé cette “expérience traumatisante à un enfant de lui faire jouer un des frères Kouachi“. “Elle m’a bien dit que c’était dans le hall, comme Ilyès a raconté à sa mère“, précise Mme Pinchon, une jeune mère au foyer émue par l’histoire et qui est venue proposer son témoignage à Mme Bessayah, à qui elle a donné une attestation écrite.
lettre
D’après ses parents, Ilyès n’avait jamais eu de problème à l’école avant, hormis les disputes habituelles à cet âge avec ses copains -notamment à propos d’un ballon de foot. Mais sa mère, elle, dit sentir une hostilité palpable à son égard depuis des mois.
C’est en novembre 2013 qu’Anaïs et Fethi Bessayah, son mari, sont arrivés au Manoir, petite commune de 1200 habitants à 25 km de Rouen. A cette époque, la jeune femme blonde et pétillante de 26 ans s’était déjà convertie à l’Islam. Mais personne ne le savait: elle n’était pas voilée. «Tout le monde était très gentil avec moi», se souvient-elle. “A l’école, on me disait ‘bonjour’, on me tenait la porte, etc”. Depuis qu’elle a choisi de porter le hijab, Anaïs explique rester confinée chez elle, en dehors de ses allers et venues à l’école, parce que quasiment plus personne ne lui parlerait. “Je suis devenue la sorcière du Manoir“, plaisante-t-elle tristement. “On me dévisage, aucune maman ne veut venir chez moi prendre le café, on me surnomme ‘la voilée’, je n’ai même plus de nom“. Quelques jours après l’attaque de Charlie Hebdo et la prise d’otages de l’Hyper Cacher, alors que la machine sécuritaire se met en marche, un parent d’élève prévient Anaïs qu’un instituteur pose des questions sur elle.
Un drôle de coup de fil
Une semaine après le “spectacle”, la maman d’Ilyès raconte qu’elle reçoit un coup de fil du directeur : “Il m’a demandé si j’avais des griefs contre l’école ou contre lui“, raconte-t-elle, “si j’éprouvais de l’agressivité envers quelqu’un, ou envers la société”. Eberluée, elle répond que non, et demande au directeur ce qu’elle aurait dit ou fait qui justifierait ce coup de fil, ou si le comportement de son fils pose problème. D’après elle, il refuse de répondre et continue : doit-il “signaler” quelque chose ? Anaïs Bessayah lui pose alors la question : est-ce que ce coup de fil a un rapport avec la fusillade et la prise d’otages ? Mais le directeur aurait encore refusé de répondre.
Passablement énervée, elle dit lui avoir fait remarquer qu’elle aurait effectivement eu des raisons de se plaindre quand son fils lui a dit avoir jouer un “terroriste“, mais qu’elle n’en a rien fait, qu’elle a beau être musulmane et voilée en aucun cas elle ne “cautionne les attentats“. Le directeur aurait insisté, lui demande quel est son “ressenti“, si elle est en colère. “J’ai fini par répondre ‘oui’ et je lui ai dit que je voulais quitter ce village. Il m’a répondu ‘bien, en attendant on ne veut plus entendre parler de votre religion’”. La jeune femme raccroche. “On aurait dit qu’il essayait de me pousser à la faute“, poursuit-elle.
Fin septembre, la jeune maman avait grondé un petit garçon qu’elle avait vu pousser son fils par terre et le directeur l’avait convoquée. “Elle a agressé l’autre enfant“, raconte le directeur. “Elle lui a dit ‘si tu continues je te déchire ta race”, précise-t-il, en admettant toutefois qu’il ne l’a pas lui-même entendu mais qu’il rapporte les propos d’un autre petit garçon. “Il s’est montré agressif, m’a dit de la ‘fermer’ quand j’essayais de me défendre, et a ‘signalé’ à l’inspecteur de l’académie que j’avais insulté le petit garçon“, affirme de son côté Mme Bessayah. “Quand je lui ai demandé quelles insultes j’aurais proféré, il a refusé de me répondre. Alors je lui ai dit : ‘celui qui ment ira brûler en enfer’”.
Deux plaintes et un signalement chez les gendarmes
Elle m’a aussi traité de ‘mécréant’“, tient à préciser le directeur. “J’aurais pas dû lui dire que celui qui ment ira en enfer, je me suis emportée“, concède Mme Bessayah. “Mais si vraiment il a pris ça pour une menace, pourquoi attendre quatre mois pour m’en reparler, alors qu’il me voit à l’école 4 fois par jour ?”. Le directeur, lui, reste évasif sur le contenu et les raisons de son appel, évoquant pêle-mêle la mise en place d’un nouveau règlement intérieur, la nécessité de tisser des liens avec les parents, et cette altercation du mois de septembre au cours de laquelle elle l’a menacée de brûler en enfer.
Après cet appel, la jeune maman appelle son mari. Fethi, 30 ans, travaille à Paris la semaine, il est intérimaire dans une entreprise de systèmes anti-incendie et ne rentre chez lui que le jeudi soir. Il lui conseille d’appeler la police. Elle compose le 17 qui l’oriente vers la gendarmerie d’Evreux, qui la renvoie à la gendarmerie du Pont-de-l’Arche, qui lui demande… si elle est affiliée à des groupes, des réseaux sociaux, ou des filières jihadistes. Elle rapporte aux gendarmes le coup de fil du directeur et attend la suite.
La semaine suivante, à l’école, la situation se serait tendue. D’après Anaïs, aucun membre du corps enseignant n’adresse plus la parole aux parents du garçon. Son fils ne voudrait plus aller en classe. Sa mère raconte qu’il est tendu, de mauvaise humeur, se plaint que sa maîtresse est “tout le temps en colère“. Sa mère lui conseille alors de ne pas se faire remarquer, à quoi le garçon lui aurait répondu que si il bouge une oreille il se fait “attraper” par le directeur. “Il lui saisit le bras, le secoue, lui serre le poignet très fort ou l’attrape par le col, m’a-t-il dit“, précise Anaïs. Elle porte plainte contre le directeur le 23 janvier et répète aux gendarmes le récit de son fils. Le médecin de la famille constate, selon la mère, que le petit garçon a peur, qu’il est stressé, et le dispense d’école. Le directeur, quant à lui, affirme qu’il n’a jamais “frappé Ilyès“, et qu’il a porté plainte le 4 février contre Mme Bessayah “pour diffamation et injure“.
lettre 3
lettre2
“C’est vous qu’on veut”
Trois jours plus tard, le 26 janvier, le garde-champêtre du Manoir sonne à la porte d’Anaïs pour lui remettre une convocation à la mairie. Elle doit s’y rendre pour “éviter que la situation ne s’aggrave” dit le papier. Seront présents la maire, Jacqueline Pons, le directeur de l’école, d’autres enseignants, l’inspecteur de l’Education nationale et les gendarmes. La jeune femme raconte avoir été reçue froidement lorsqu’elle appelle la mairie pour avoir plus de renseignements. Puisqu’il s’agit d’une “conciliation” elle demande [lors d'une conversation enregistrée par Anaïs et que nous avons pu écouter] si elle peut venir avec son avocat. “Hors de question“, répond la maire, “ni l’avocat, ni la télé, ni l’imam (…) Vous appellerez votre avocat lorsque vous irez chez les gendarmes (…) mais chez moi vous venez seule ou vous ne venez pas“.
Si ça ne se passe pas à la mairie, ça se passera à la gendarmerie ou au tribunal“, poursuit Jaqueline Pons. Anaïs demande ce qu’on lui reproche, insiste : est-ce qu’elle peut au moins venir avec le parent d’élève qui se propose de représenter Ilyès ? “Il ne s’agit pas de votre fils, c’est vous qu’on veut“, lui assène Jacqueline Pons. Sur les conseils de la juriste du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), qui s’est saisi de son dossier, la jeune maman ne s’est pas rendue à la convocation. Dans sa petite maison aux portes bleues, d’où elle ne sort pratiquement plus, elle attend la fin de l’année scolaire. Pour quitter Manoir-sur-Seine et partir dans une ville “plus grande, où il y aura plus de diversité, plus d’Arabes, plus de musulmans“. Où, elle l’espère, son fils retrouvera le sourire en allant à l’école.
Ni la maîtresse, ni la maire du Manoir-sur-Seine, ni le rectorat de l’Académie de Rouen n’ont accepté de répondre à nos questions. Le directeur de l’école, lui, avait refusé de nous répondre avant la publication de l’article mais nous a finalement contacté le 4 février pour nous donner sa version.

http://oumma.com/219743/ylies-6-ans-traite-un-terroriste

Dans cette affaire pour le moins emblématique, Ylies 6 ans, de confession musulmane, est malmené de manière odieuse par son école. Les autorités s'en prennent à sa mère, et tentent de les faire taire tous les deux.
Pour mieux comprendre les rouages infernaux de l'islamophobie ambiante dans lesquels ont été pris ce garçonnet et sa mère, revenons sur le contexte et le déroulé chronologique des faits.
Contexte: La maman est convertie à l'islam, mariée à une personne d'origine maghrébine. Son nom de famille ainsi que le prénom de son fils sont donc identifiables comme étant "musulmans". Dans cette petite ville de l'Eure, où les personnes de confession musulmane sont peu nombreuses, elle a bien senti le regard et l'attitude des gens changer dès lors qu'elle a décidé de porter le foulard.
Chronologie des faits:
15 janvier, 9h20 du matin. La mère reçoit un appel du directeur de l'école, qui lui pose une série de questions étranges et surtout inappropriées. "Est-ce que vous avez des revendications contre mon école?", "avez-vous de la colère ou de l'agressivité à mon égard ou à l'égard de l'école?", question qu'il posera à trois reprises. Prenant soin de ne jamais mentionner les attentats, le directeur lui demande quel est son "ressenti". Puis, il lui demande carrément s'il doit faire un signalement auprès de l'inspection académique concernant son fils et elle-même.
Choquée et abasourdie par cette conversation téléphonique, la maman se rend alors au commissariat pour rapporter les propos inquiétants tenus par le directeur de l'école de son fils. Elle est auditionnée et lesdits propos sont recueillis par les gendarmes.
Dès lors, le comportement du corps enseignant et du directeur change, pour devenir extrêmement hostile et agressif à son égard. Une succession d'événements surviennent.
20-22 janvier: Le petit garçon de 6 ans rapporte à sa maman qu'il a été puni plusieurs fois et que le directeur l'a saisi par le bras (au niveau du poignet) de manière violente et agressive. La maman emmène le petit chez le médecin qui délivre une interruption scolaire de deux jours. Ylies ne veut plus aller à l'école et montre des signes d'angoisse importants, comme l'apparition d'un eczéma.
23 janvier: La maman dépose plainte au commissariat pour violences à l'encontre de son enfant.
27 janvier: Elle reçoit, dans le cahier de correspondance de Ylies, un courrier étrange de l'inspection académique qui signale que le garçonnet se jette par terre et se cogne, volontairement, la tête contre les murs... Etrange en effet que ce courrier survienne à peine 4 jours après le dépôt de plainte de la mère qui signalait justement des violences physiques à l'encontre de son enfant.
http://www.islamophobie.net/sites/all/themes/islamophobie/images/blockqu...) 0% 0% no-repeat scroll rgb(244, 244, 244);">
Dans la foulée, elle apprend une chose ahurissante. L'école de son fils a organisé un "spectacle" avec les petits de CP, qui consistait à reproduire l'attaque contre Charlie Hebdo. Et le directeur a désigné son fils de 6 ans pour jouer le rôle d'un des tueurs...
La mère comprend alors avec horreur que son enfant est devenu l'élément exécutoire de l'école suite aux attentats, à tel point qu'on se sert de lui pour représenter les tueurs.
Elle diffuse son histoire sur Internet, les réseaux sociaux relaient l'information. Les langues se délient. Les enfants commencent à raconter à leurs parents que le directeur se montre parfois agressif à l'encontre du petit garçon, qu'il l'a bien désigné d'office pour jouer le rôle d'un des frères Kouachi et l'a tiré par le bras. Dans le même temps, le directeur cherche des éléments à charge de la maman, en appelant directement les parents d'élèves pour les questionner sur cette dernière.
Le CCIF, saisit par la mère d'Ylies, a en sa possession le procès-verbal de plainte et les différents échanges avec les autorités, ainsi que des témoignages de parents d'élèves. Éléments qui illustrent le comportement violent et abusif du directeur de l'école à l'encontre du garçonnet, et qui illustrent également le comportement des autorités après que la maman les ait alertées.
En effet, le 23 janvier, elle reçoit une convocation de la mairie de sa commune, qui l'invite à venir se présenter pour une "conciliation", en présence de la mairesse, du directeur de l'école, du corps enseignant, de l'inspection d'académie et de la brigade de gendarmerie. Demandant des explications sur le motif de cette convocation auprès de la mairesse elle-même, celle-ci lui répond qu'elle doit venir car elle est "mise en cause"! Quand la maman avertit qu'elle viendra accompagnée d'un avocat, on lui refuse catégoriquement, la mairesse lui disant que dans ce cas, "ce n'est même pas la peine de venir, madame".
De victime, la maman est devenue coupable. De la même manière que dans l'affaire de Ahmed 8 ans, dès lors que les victimes d'islamophobie commencent à parler et à dénoncer des dysfonctionnements de la part des services publics (ici, l'école), la machine se met en marche pour tenter de les faire taire et d'étouffer l'affaire. Le système asservit leurs pensées, puis leurs droits, en se basant sur le principe de la menace : on s'en prend à ton enfant, puis à toi, tout en laissant planer une menace sur ta famille, ton honneur, ta réputation.
Mais pour tout mensonge d'un élu, d'un ministre, ou d'un représentant de l'Etat, le CCIF rétablira une vérité. Le gouvernement s'est engagé, à plusieurs reprises, à ne pas faire d'amalgame ni de stigmatisation. François Hollande a officiellement appelé à lutter contre l'islamophobie. Alors au-delà de vaines paroles, nous exigeons des actes fermes et exemplaires pour lutter contre cette violence physique et symbolique qui s'abat sur les citoyens de confession musulmane, dès leur plus jeune âge. Le directeur de l'école va t-il être auditionné aussi vite que le petit Ahmed de Nice, le petit Ayman de Villers-Cotteret ou la petite de 10 ans à Valbonne ?
un article propulsé par TORAPAMAVOA :
http://torapamavoa.blogspot.com Clikez "plus d'infos" ci dessous pour lire la s

uite 






de l'article...^^

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire