Lagardère: menaces de grèves dans les médias contre les restructurations
Par Juliette COLLEN
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PARIS (AFP) - L'annonce de plans de suppressions de postes chez Hachette Filipacchi, branche presse écrite de Lagardère, et Europe 1, radio phare du groupe, a provoqué la colère des salariés qui menacent ensemble d'une grève mardi, une "première historique", pour demander le retrait de ces plans.
La direction de Lagardère a présenté jeudi en comité d'entreprise un plan de restructuration prévoyant la suppression de 93 postes sur 1.250 chez Hachette Filipacchi Associés, qui regroupe de nombreux titres de la branche presse écrite de Lagardère (Paris-Match, Elle...).
Dans la foulée, "huit cents salariés" de toutes les rédactions d'Hachette Filipacchi Associés ont décidé en assemblé générale "le principe d'une grève appelée par l'ensemble des organisations syndicales pour le mardi 5 juin", indique dans un communiqué commun l'intersyndicale CFDT, CGT, SNJ, FO et CFE-CGC.
La semaine dernière, les salariés d'Europe 1 avaient également décidé le principe d'une grève pour mardi contre les réductions d'effectifs.
Les syndicats soulignent que cette décision commune des deux composantes de la presse Lagardère est une "première historique".
Des assemblées générales doivent se tenir lundi dans les deux sociétés, pour décider de concrétiser ou non ces menaces de grèves.
La direction de Lagardère, contactée par l'AFP, n'a pas fait de commentaire.
Ces deux plans sont la déclinaison du plan annoncé en janvier par Lagardère, qui prévoit 70 millions d'euros d'économies, la fermeture de magazines (dont Top Famille) et la réduction de 7 à 10% de ses effectifs mondiaux.
La direction avait assuré que ces suppressions de postes se feraient sans licenciement "sec" et via des départs "volontaires".
Les syndicats de Hachette Filipacchi Associés veulent obtenir "le retrait du plan social" qui doit supprimer "93 postes en CDI et 70 en CCD", sans préciser les titres touchés.
Ce plan, "qui invoque comme prétexte une moins bonne rentabilité de la presse, s'avère plus que discutable", estiment-ils.
Il ne "comporte aucune proposition concrète de relance des titres", et n'envisage "pas davantage le fonctionnement de l'entreprise avec près de 200 salariés en moins", poursuivent les syndicats.
A Europe 1, ce plan prévoit la suppression de 42 postes en CDI sur un total de 407. La direction envisagerait également de ne pas renouveler les CDD en cours.
"Ces mesures vont nous empêcher de travailler convenablement, alors qu'on fonctionne déjà à flux tendus", a expliqué à l'AFP Olivier Samain, délégué SNJ.
Une réunion du comité d'entreprise de la station doit se tenir vendredi.
Cette tension sociale survient sur fond de malaise grandissant au sein de certaines rédactions du groupe.
Les syndicats d'Hachette Filipacchi ont ainsi dénoncé jeudi une direction qui "abandonne ses publications aux pressions politiques comme ça a été le cas pour le Journal du Dimanche et Paris-Match".
Mardi, la SDJ de Paris-Match a protesté contre des pressions exercées par Rachida Dati, la garde des Sceaux, pour interdire la publication de photos de jeunesse.
A la mi-mai, la SDJ du JDD avait dénoncé "une censure inacceptable", liée selon elle à une intervention d'Arnaud Lagardère -ami de Nicolas Sarkozy- pour empêcher la publication d'un article relatant que Cécilia Sarkozy n'avait pas voté au second tour de la présidentielle.
En juin 2006, les journalistes de Paris-Match s'étaient mis en grève, mouvement quasiment sans précédent, contre l'éviction de leur patron Alain Genestar, due selon eux à une couverture montrant Cécilia Sarkozy avec un homme présenté comme son compagnon.
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