25/06/2007

8, 44 /H ...le SMIC

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Le smic au minimum
LE MONDE POUR MATINPLUS | 25.06.07 | 08h18

Lors de la réunion, lundi 25 juin au matin, de la commission nationale de la négociation collective, avec les syndicats et le patronat, le ministre du travail devrait donc annoncer que le salaire minimum de croissance (smic) horaire brut passera de 8,27 euros à 8,44 euros, ce qui donnerait quelque 1 280 euros pour l'équivalent mensuel sur la base de la durée légale de 35 heures. Soit l'équivalent de 1 000 euros net par mois. Cette augmentation est déterminée en fonction de calculs complexes prenant en compte l'évolution du salaire moyen horaire ouvrier et l'évolution de l'indice des prix de mai à mai.
Les syndicats ne manqueront pas de critiquer cette augmentation réduite, l'une des plus faibles de ces dernières années, puisqu'elle avait été de 3,05 % en 2006 et surtout de 5,5 % en 2005. Déjà, Maryse Dumas pour la CGT avait brocardé l'annonce en déclarant que cela représentait « environ 20 euros par mois, même pas le prix d'une baguette de pain par jour ». Même son de cloche à l'Unsa où l'on évoque « 17 centimes d'euro supplémentaires sur le brut par heure de travail ».
En pleine bataille idéologique pour le « gagner plus » tant vanté par le candidat Sarkozy, le gouvernement se défend en contre-attaquant. « Le coup de pouce doit être donné à l'ensemble des salariés, et pas seulement aux 17 % qui sont au smic », fait ainsi valoir M. Fillon, qui déclare vouloir attendre la conférence sur le pouvoir d'achat annoncée pour septembre.
Surtout, le gouvernement préfère aborder le thème de l'augmentation du pouvoir d'achat par des mesures plus centrées sur le « travailler plus » comme la détaxation des heures supplémentaires ou la baisse du coût du travail censée favoriser l'embauche.
De fait, lors de l'annonce l'an dernier de l'augmentation d'un peu plus de 3 % du smic, la présidente du Medef, Laurence Parisot, s'était inquiétée, estimant qu'il était « très dangereux de rester sur un rythme élevé d'augmentation » du salaire minimum. Si celle-ci a en effet été importante au cours des dernières années, il faut rappeler que c'est essentiellement dû aux mesures, mises en place par M. Fillon, d'harmonisation des différents smic dus à l'application des 35 heures.
Surtout, fin juin 2006, la présidente de l'organisation patronale avait souhaité une « dépolitisation du smic ». Mme Parisot avait demandé la création d'une « instance indépendante des pouvoirs politiques qui décide des augmentations ». Nicolas Sarkozy lui-même a déclaré, mercredi 20 juin, vouloir mettre en place « une commission de sages, indépendants », chargés de rendre un avis sur la revalorisation annuelle du smic. François Fillon l'avait aussi annoncé dans un entretien au Figaro (15 juin 2007) : « l'option la plus raisonnable serait que les partenaires sociaux assument cette responsabilité ».
La plupart des syndicats restent attachés au dispositif actuel de fixation de l'augmentation annuelle du salaire minimum français. C'est le 2 janvier 1970 qu'une loi crée le smic et donne au gouvernement la responsabilité de fixer le niveau de la revalorisation annuelle qui entre en vigueur chaque 1er juillet.
En fait, le salaire minimum est né en France dans une loi du 11 février 1950. Il s'appelait alors salaire minimum national interprofessionnel garanti, le smnig vite devenu smig. Depuis cette date, cette notion de salaire minimum garanti est devenue un enjeu symbolique de bataille tant sociale que politique. Le patronat a obtenu, dès le début, que les augmentations de salaires ne puissent être indexées automatiquement sur celle du smic. L'augmentation annuelle, si elle ne vise pas à relever automatiquement le niveau de tous les salaires, influe néanmoins sur eux. Ne serait-ce que parce son augmentation lui fait parfois dépasser des salaires minima de branche. Les négociations doivent alors relever ceux-ci afin qu'ils restent plus élevés que le minimum interprofessionnel.
La revalorisation fixée annuellement par le gouvernement est bien une arme politique et symbolique. «Le fait que le smic serve de norme sociale souligne le caractère central du salaire minimum dans toute l'organisation de la société. On ne saurait donc laisser sans risque remettre en cause le smic et ses mécanismes d'évolution», prévient Roland Metz, de la CGT. La proposition du chef de l'Etat de changer les règles du smic devrait amener de nombreuses réactions.
Rémi Barroux

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