Ainsi, selon la convention collective du Syntec informatique, la chambre syndicale des sociétés de service informatique et des éditeurs de logiciels, il existe trois régimes de temps de travail. Le "standard" correspond à un forfait annuel de 1 607 heures de travail, couplé à des accords collectifs de 35 ou de 39 heures. Il concerne "pas mal de cadres", selon Thierry Debève, délégué syndical CFDT de Cap Gemini.
Le régime "intermédiaire", pour des cadres nouvellement embauchés, combine un forfait horaire (38,3 heures de travail par semaine) et 220 jours de travail par an. Enfin, les cadres ayant un niveau de salaire important et/ou plus de responsabilités travaillent 218 jours par an, sans avoir à respecter un forfait d'heures hebdomadaires ou mensuelles. "Ce régime vaut pour 70 % des cadres", assure Syntec Informatique.
"Les mesures annoncées par le gouvernement concernent les cadres qui travaillent au forfait horaire", assure Alain Donzeaud, président de la commission des affaires sociales et de la formation au Syntec Informatique. Qu'en pensent les cadres concernés ? Ils sont globalement peu intéressés. D'abord, parce qu'ils estiment travailler déjà trop et, surtout, parce que les heures supplémentaires déjà effectuées ne sont généralement pas déclarées.
"Dans les faits, très peu déclarent leurs heures supplémentaires et exigent leur paiement. De toute façon, nous n'avons pas de pointeuses. Ce n'est pas dans la culture de la maison. En plus, étant donné que l'on dépasse presque tous les horaires, l'entreprise ne s'en sortirait pas si elle devait nous payer les heures supplémentaires", explique un chef de projet de Cap Gemini qui veut garder l'anonymat.
"Quand il y a des tranches exceptionnelles d'activité, par exemple, la nécessité de profiter d'un week-end pour changer un système informatique, là, il n'y a pas de problème pour être payés. Mais pour les dépassements d'horaires quotidiens, ce n'est pas dans la culture d'exiger le paiement des heures supplémentaires, confirme Thierry Debève. Les salariés sont souvent jeunes, motivés, ils ont envie de bosser. Le fait que les heures supplémentaires ne soient pas payées ne les dérange pas."
Même son de cloche chez Accenture, qui relève de la fédération Syntec (réunissant les sociétés spécialisées dans les professions de l'ingénierie, des services informatiques...), jumelle du Syntec Informatique. Il existe un accord de 35 heures pour les consultants, avec des jours dits "de suractivité", explique Stéphan Dalhem, secrétaire général de l'UNSA Accenture. "Au-delà de 40 heures hebdomadaires, ces consultants peuvent théoriquement récupérer leurs heures supplémentaires ou en exiger le paiement. Dans la pratique, la plupart n'en font rien, même s'ils dépassent souvent les 8 heures de travail quotidiennes." Et d'invoquer, là aussi, le profil des consultants, souvent des jeunes diplômés, et la culture de l'entreprise.
François Bostnavaron, Nathalie Brafman, Laetitia Clavreul, Cécile Ducourtieux, Mustapha Kessous, Anne Michel, et Isabelle Rey-Lefebvre
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