07/06/2007

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Dans l'usine renault de Sandouville, près du Havre (Seine-Maritime), l'idée même de "travailler plus pour gagner plus" met les ouvriers en colère. Parce qu'ils ne le peuvent pas. pour gérer les creux et les pics de production, les constructeurs automobiles ont profité des négociations sur les 35 heures pour annualiser le temps de travail. Un système permettant, lorsque la production baisse, de prendre en avance ses jours de congé et, a contrario, de travailler plus lorsque la demande devient plus forte... à salaire constant. Mais parfois, cela ne suffit pas. A Sandouville, par exemple, où l'usine tourne à 40 % de ses capacités, compte tenu des mauvaises performances commerciales de la Vel Satis et de la Laguna. En 2006, plus de 60 jours n'ont pas été travaillés, bien au-delà des jours de congé que les salariés peuvent prendre en avance. Conséquence, "tous les ouvriers se sont retrouvés au chômage technique", reconnaît le constructeur automobile. Et ce chômage technique s'est soldé par une perte de salaire. Ouvrier en peinture, Fabrice Le Berre a ainsi déclaré 2 000 euros de moins aux impôts en 2006. "Quand on gagne entre 1 200 et 1 300 euros par mois, ça fait beaucoup", souligne-t-il. Et même si, aujourd'hui, la situation s'est améliorée, il ne récupérera pas les sommes perdues. Actuellement, il travaille sur la série limitée espace emotion et doit faire des heures supplémentaires. "Je travaille une heure de plus, le matin ou le soir, et le samedi, mais je ne suis pas payé plus", regrette-t-il. Ce surplus de travail est récupéré sur sa "banque d'heures". "Je dois 12 jours à la boîte. D'ici à la fin de l'année, il faudrait quasiment que je travaille tous les samedis pour "rembourser" Renault", concède-t-il. "Avant, quand on faisait un samedi, on gagnait 500 francs en plus ; maintenant, les samedis sont obligatoires, et on ne touche rien en plus", déclare un autre ouvrier, qui veut rester anonyme.

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