LE MONDE | 28.06.07 | 14h27 • Mis à jour le 28.06.07 | 14h27
Le nouveau secrétaire d'Etat à l'outre-mer, Christian Estrosi, devrait se rendre en Nouvelle-Calédonie entre la mi-juillet et la mi-août. Parmi les dossiers urgents figurent en effet l'avenir de l'accord de Nouméa, qui fixe l'évolution du cadre institutionnel dans cet archipel du Pacifique sud, et la construction de l'usine de nickel dans le massif du Koniambo, dans la province Nord gérée par les indépendantistes.
La nette victoire remportée aux élections législatives par les deux candidats du Rassemblement-UMP (ex-RPCR), Gaël Yanno et Pierre Frogier, sur leurs adversaires du FLNKS, Charles Washetine et Charles Pidjot, a radicalisé le débat politique local et rouvert la fracture entre loyalistes et indépendantistes.
Pierre Frogier répète qu'"il faut engager une rupture avec la lecture socialiste et indépendantiste de l'accord de Nouméa". Il souhaite "rouvrir et dépoussiérer" le texte et tourner la page de "la repentance". Ce discours raidit les indépendantistes, qui y voient un "reniement". Pour eux, l'accord de Nouméa est "très clairement un processus de décolonisation". Paul Néaoutyine, président indépendantiste de la province Nord et signataire de l'accord de Nouméa, voit dans ces propos "une tentative de retour en arrière, à la période préaccords, où le RPCR utilisait sa complicité avec la majorité politique nationale pour manoeuvrer le pouvoir de l'Etat".
Rappelant que l'accord de Nouméa a été constitutionnalisé, le dirigeant kanak soupçonne le Rassemblement-UMP de vouloir profiter de sa "victoire pour amplifier son action anti-accord", et cela, malgré les engagements de Nicolas Sarkozy de "respecter la parole donnée".
Dans un entretien au quotidien Les Nouvelles calédoniennes du 25 juin, le secrétaire d'Etat temporise en rappelant que "l'accord de Nouméa fait partie de notre Constitution" : "Nous l'appliquerons donc loyalement avec l'esprit consensuel qui doit présider à sa mise en oeuvre. Il permet aux Calédoniens de se gouverner de manière autonome et nous respecterons ce qu'il prévoit." Christian Estrosi annonce son intention de réunir un comité des signataires de l'accord avant la fin de l'année.
L'autre dossier important est celui de la construction de l'usine du Nord dans le massif du Koniambo, visant à rééquilibrer le développement économique de la Nouvelle-Calédonie. Le groupe britanno-suisse Xstrata, partenaire du projet, traîne pour faire connaître ses intentions. De son côté, la Société Le Nickel (SLN, groupe Eramet, contrôlé à 26 % par Areva) a fait savoir qu'elle était prête à s'associer au projet. Les indépendantistes, propriétaires des titres miniers, ont besoin de l'aide de l'Etat pour faire aboutir la construction.
Xavier Ternisien et Claudine Wéry (à Nouméa)
Article paru dans l'édition du 29.06.07.
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