Les rapports entre policiers et citoyens se dégradent, selon une étude
PARIS (AP) - La commission nationale Citoyens-Justice-Police a regretté jeudi l'insuffisance des mécanismes de contrôle du travail des forces de l'ordre, insuffisance qui donnerait à l'opinion publique l'impression d'une certaine impunité des policiers et contribuerait à une dégradation des rapports entre les Français et leur police.
Créée en 2002, cette commission regroupe la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), le Syndicat de la magistrature (SM) et le Syndicat des avocats de France (SAF). Elle analyse des faits dénoncés par des citoyens, fait une enquête approfondie et rend un rapport tous les deux ans.
"Quatre années de fonctionnement ont permis de constater le parallélisme entre l'arsenal législatif liberticide mis en place par les gouvernements du quinquennat et la dégradation, toujours en progression, des rapports des citoyens avec leurs polices et avec leur Justice", note le rapport, rendu public jeudi.
A ce titre, elle recommande "que l'amélioration des relations entre les citoyens, les services de police et la justice passe par un contrôle plus strict de la légalité de l'intervention des autorités judiciaires et administratives".
Dans son rapport, la commission rend compte des affaires dont elle a eu à connaître: la mort par noyade le 10 avril 2004 d'un jeune taggeur poursuivi par des policiers, le comportement des policiers pendant les manifestations lycéennes contre le loi Fillon début 2005, la situation des prostituées des bois de Vincennes et de Boulogne "face à l'arbitraire policier" et "les rafles à visage humain" des squatteurs de Cachan en août 2006. Elle publie également un rapport d'étape sur l'arrestation de sans-papiers devant les écoles Lassalle et Rampal les 19 et 20 mars dernier.
"C'est un travail sérieux qui ne relève pas de la simple indignation militante", a souligné jeudi le président de la LDH, Jean-Pierre Dubois. Suite à la réflexion, il regrette notamment l'insuffisante notoriété de l'Inspection générale des services et l'Inspection générale de la police nationale et souhaite qu'elles établissent un rapport annuel qui serait rendu public.
"Il y a des organisations qui font un travail formidable, mais qui crient dans le désert", a-t-il déploré, citant notamment la Commission nationale de déontologie de la sécurité ou le rapport européen sur les lieux de détention en France.
"L'opinion publique est victime d'une politique sécuritaire. Les choses vont mal et encore plus mal qu'il y a cinq ans", a-t-il assuré. "On ne veut pas s'arrêter à une démarche de dénonciation", a précisé la vice-présidente du SM, Natacha Rateau, attirant aussi l'attention sur "la pression très forte" qui pèse sur les policiers. AP
der/mw
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