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Reuters - il y a 4 minutes
PARIS (Reuters) - Le rappeur Mohammed Bourokba "Hamé", du groupe La Rumeur, maintient qu'à ses yeux, la police bénéficie d'une impunité pour des violences depuis l'époque coloniale et il entend le démontrer malgré l'annulation de sa relaxe mercredi par la Cour de cassation.
Le musicien, poursuivi par le ministère de l'Intérieur pour "diffamation d'une administration publique" en raison de déclarations de 2002 sur l'action de la police, avait été relaxé en première instance comme en appel, mais la plus haute juridiction française a annulé cette décision.
"Je ne me reconnais pas (dans cet arrêt). La Cour a dénaturé mon propos en le réduisant aux jeunes de banlieues", dit-il dans Le Monde daté de vendredi.
Il estime que la violence policière est continue dans l'Histoire. "Depuis l'époque coloniale, il y a une permanence de certaines formes de violences et de brutalités policières qui jouissent d'une immunité et qui visent toujours les mêmes", dit-il.
La Cour de cassation ayant renvoyé le dossier à la cour d'appel de Versailles, pour qu'elle rejuge l'affaire, le rappeur se promet de faire tout pour obtenir gain de cause.
"On va faire venir des familles et des chercheurs qui pourront témoigner et faire éclater la vérité. on va demander plusieurs journées d'audience. Cette histoire me donne encore plus de détermination pour prouver la légitimité de mon propos", dit-il.
Ce dossier, ouvert par Nicolas Sarkozy quand il était place Beauvau, est jugé emblématique par les syndicats de policiers comme par les musiciens.
"Les rapports du ministère de l'Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu'aucun des assassins n'ait été inquiété", disait le texte de Hamé, publié en avril 2002 dans un fanzine accompagnant un album.
"La justice pour ces jeunes assassinés par la police disparait sous le colossal slogan 'touche pas à mon pote'. La réalité c'est que vivre dans nos quartiers, c'est vivre dans l'humiliation policière régulière", ajoutait-il.
"Hamé" avait été relaxé en première instance en 2004, jugement confirmé en appel à Paris en 2006. Les deux juridictions avaient alors estimé que le rappeur n'imputait aucun fait précis à la police mais se contentait d'émettre un point de vue général sur le rôle de l'ensemble des acteurs politiques et sociaux dans les banlieues ces 20 dernières années.
La Cour de cassation a jugé au contraire qu'imputer des centaines de meurtres impunis à la police constitue bien une diffamation publique.
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