11/07/2007

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L’ambassade de France à Dakar décide de la programmation d’Afrikabidon !Pour les rencontres d’Afrikabidon, nous avions souhaité inviter, depuis le Sénégal, les artistes Corentin Faye, Moussa Sakho et Michael Daffé, Auguste Diatta, directeur de l’agence Diatta Tour, Charlemagne et Léopold Coly, respectivement guide et pêcheur, employés du précédent, le lutteur Jean Diatta et le maçon Auguste Diene.
La nouvelle est tombée vendredi 6 juillet, comme un coup de tonnerre : seuls Auguste Diatta et Corentin Faye obtiendraient leur visa. L’ambassade de France à Dakar a recalé tous les autres.
Il va de soi que nous avions fournis tous les documents nécessaires à la venue de nos invités : billet d’avion aller-retour, attestation de participation aux Rencontres, «certificat d’accueil» et que nous étions prêts de surcroît à nous porter financièrement garants de l’opération. Christian Saglio, Directeur de l’Institut Français de Dakar, avait personnellement appuyé la demande.
Motif du refus : «absence de garanties économiques».
Vous avez bien lu.
Un peu estomaqués, nous avons contacté l’ambassade à Dakar. Et là, les propos tenus (évidemment, pas de manière officielle...) ont été beaucoup plus explicites : nos invités, qui ne disposent certes pas tous d’un compte bancaire, seraient de «quasi-indigents». Quant aux artistes, leur talent serait «celui d’un enfant de quatre ans».
Sic.
Voilà où nous en sommes. A l’heure où l’on nous chante sur tous les tons les supposés bienfaits d’une «mondialisation» censée favoriser les déplacements des hommes et des marchandises, alors que la France adopte volontiers la posture avantageuse de défenseur des Droits de l’Homme sur la scène internationale, alors que sa devise contient toujours, aux dernières nouvelles, le mot «fraternité», le message est limpide : que les «pauvres» (pauvres aux yeux de l’Occident, évidemment, c’est-à-dire dépourvus de compte bancaire) restent chez eux. Nous n’en voulons pas. L’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ?
«Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays»
vous l’avez mal lu. Il ne concerne que les riches, évidemment : les pauvres ne sont pas des personnes.
Il ne suffit pas que nos représentations à l’étranger infligent quotidiennement une harassante et humiliante litanie de paperasses à ceux qui désireraient mettre le pied en Europe (que l’on songe un moment à l’abjection profonde que représente le «certificat d’accueil») ; désormais, n’importe quel employé d’ambassade peut décider que, en règle ou pas, vous n’êtes pas suffisamment riche pour bénéficier du privilège de vous déplacer librement. N’importe quel employé d’ambassade - et chacun sait que sa formation l’y a longuement préparé - peut se poser en arbitre de vos qualités artistiques, et vous refuser un visa parce que vous ne dessinez pas suffisamment bien.
Que les politiques de tous bords, qui ont fait de la xénophobie l’un de leurs fonds de commerce favoris, dorment tranquilles : leur message a fait son chemin. Aucun risque que la parole d’hommes simples, d’hommes ordinaires, vienne témoigner de ce qu’est la vie en-dehors du coffre-fort glacé qui nous tient désormais lieu de maison commune.
Rien ne doit troubler notre digestion de nantis.
http://www.afrikabidon.com/visas.php

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