11/07/2007

On va continuer a se battre dit l'avocat de Hamé- La Rumeur

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Pour l'avocat des rappeurs de La Rumeur, "la liberté d'expression est en péril"
LEMONDE.FR | 11.07.07 | 15h43 • Mis à jour le 11.07.07 | 21h05

"Beaucoup de jeunes qui avaient retrouvé confiance en la justice grâce aux non-condamnations de NTM, Sniper, Monsieur R et bien d'autres rappeurs, s'interrogent de nouveau sur la réalité de l'indépendance de la justice", s'insurge Dominique Tricaut, l'avocat d'Hamé, l'un des rappeurs de La Rumeur. La Cour de cassation vient en effet de casser, mercredi 11 juillet, la relaxe prononcée en faveur de Mohamed Bourokba, dit Hamé. Poursuivi par le ministère de l'intérieur depuis 2004 – à cette époque Nicolas Sarkozy siége place Beauvau – pour "diffamations publiques envers la police nationale", Hamé sera de nouveau jugé par la cour d'appel de Versailles. Quand ? "Dans un ou deux ans", s'exaspère l'avocat du rappeur.

Le 23 juin 2006, la 11e chambre de la cour d'appel de Paris avait confirmé la relaxe d'Hamé, prononcée en décembre 2004, par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Fait rarissime, l'actuel président de la République, Nicolas Sarkozy, se pourvoit alors en cassation. Il obtient finalement gain de cause : l'annulation, par la chambre criminelle de la Cour de cassation, de la décision de la cour d'appel.

"L'INSÉCURITÉ SOUS LA PLUME D'UN BARBARE"

"Les membres de La Rumeur sont déçus, il ont le sentiment qu'en matière de justice, il y a deux poids, deux mesures. Lors du procès de Charlie Hebdo, le candidat Nicolas Sarkozy affirme qu'il préfère un excès de caricature à une absence de caricature. Le rap de Hamé étant une satyre, Nicolas Sarkozy, devenu président de la République aurait du abandonner les poursuites. Au lieu de cela, quelques semaines après son élection, la Cour de cassation se réunit en audience publique", analyse Me Tricaut.

A l'origine de la plainte, déposée le 3 juillet 2002 par M. Sarkozy, la parution d'un article signé de l'ancien étudiant en lettres et en sociologie, intitulé "L'insécurité sous la plume d'un barbare", publié quelques mois auparavant dans un fanzine accompagnant la sortie de l'album du groupe, L'Ombre sur la mesure. Le passage notamment mis en cause :"Les rapports du ministère de l'intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu'aucun des assassins n'ait été inquiété", est notamment mis en cause.

Hamé, qui a toujours revendiqué un rap engagé, entame un long bras de fer judicaire avec le ministère de l'intérieur. Des intellectuels témoignent en faveur du rappeur, l'affaire devient médiatique et symbolique. Le sociologue Fabien Jobard, l'historien Maurice Rajsfus ainsi qu'Eric Blondin, fondateur du syndicat de la police nationale, expliquent que les textes de Hamé, et des autres membres de La Rumeur, Ekoué et Philippe reflètent "le sentiment général". "La politique est désormais de pourchasser ceux qui dénoncent ce qui se passe dans les quartiers. La liberté d'expression est en péril. Nous allons continuer à nous battre", conclut Me Tricaut.
Anne Gaëlle Rico (avec AFP)

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