Fichage de magistrats en Italie : un syndicat appelle Mme Dati à s'exprimer
11.07.07 | 19h03
Le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) a protesté mercredi contre le fichage "illégal" par les services secrets italiens de dizaines de magistrats européens, dont au moins trois Français, et a demandé à la ministre de la Justice Rachida Dati de s'exprimer sur la question.
Des fiches contenant nom, adresse, coordonnées téléphoniques ou électroniques de "plus de 200" magistrats membres de l'association Medel (Magistrats européens pour la démocratie et les libertés) ont été constituées entre 2001 et 2006 par les renseignements militaires italiens (SISMI), a expliqué le syndicat dans un communiqué, citant des chiffres du Conseil supérieur de la magistrature italien qui a dénoncé ces pratiques ce mois-ci.
Parmi les magistrats "espionnés" à l'époque du gouvernement de Silvio Berlusconi figurent trois Français : deux membres du SM, Anne Crenier et Patrice de Charrette, ainsi qu'Emmanuel Barbe, actuel magistrat de liaison entre la France et l'Italie en poste à Rome, a précisé à l'AFP Anne Crenier.
Le but du fichage reste obscur. Selon le SM, le SISMI rapporte des "affirmations paranoïaques et délirantes" selon lesquelles les membres de Medel profiteraient de leur statut de juge pour militer "contre l'empire occidental capitaliste".
Ces fiches avaient été découvertes dans des locaux du SISMI en août 2006, à l'occasion d'une perquisition effectuée par des magistrats italiens enquêtant sur l'enlèvement d'un imam égyptien à Milan par des agents de la CIA. Cela a conduit à l'ouverture d'une enquête par le parquet de Rome.
Face à cette "tentative de déstabilisation", la Garde des Sceaux Rachida Dati "ne peut certainement pas rester silencieuse", a indiqué la présidente du SM, Emmanuelle Perreux, jointe par l'AFP.
La Chancellerie a réagi en assurant que Mme Dati se tenait "informée des développements de la procédure judiciaire italienne". "Elle ne peut faire aucun commentaire sur une affaire judiciaire en cours, à fortiori lorsqu'il s'agit d'une enquête menée à l'étranger", a toutefois ajouté le porte-parole du ministère, Guillaume Didier.
Dans l'hypothèse où des magistrats français souhaiteraient se constituer partie civile dans cette procédure et bénéficier de la prise en charge financière de leur avocat par le ministère de la Justice, ils "doivent faire connaître leur situation à la direction des services judiciaires (au ministère) qui l'examinera au cas par cas", a ajouté M. Didier
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