"Voir des expulsés en pleurs emmenés par la police, c'est dur"
Par Rue 89 19H21 19/08/2007
Un bagagiste de Roissy a assisté à l'expulsion ratée au départ du vol Paris-Lomé jeudi, que l'une des passagères a raconté sur Rue89. Il témoigne de son quotidien.
"Je travaille sur Roissy, je livre les bagages qui doivent arriver rapidement (en transit en général) aux avions. J'étais là ce jeudi [le 16 août 2007, ndlr] et j'ai livré ce vol [AF 848 Paris-Lomé, ndlr] à Charlie [terminal 2C, ndlr]. J'ai vu les camions de police au bas de l'avion, comme chaque fois qu'un expulsé est "invité" par Air France, ou qu'un touriste doit être intercepté à sa descente d'avion.
"Les hôtesses et agents d'Air France sont contre ces expulsions"
"Je peux vous affirmer que dans ma journée de huit heures, il y a facilement 10% des vols contenant des expulsés. Pas seulement les vols africains, mais aussi asiatiques (en passant par la China Airlines) ou les vols sud-américains (plus rarement). Rare sont les expulsions qui se finissent de la manière décrite dans ce reportage malheureusement. Ce que je peux vous affirmer par contre, c'est que les hôtesses et agents d'Air France sont totalement contre ces expulsions.
"Plusieurs raisons à cela, l'image de la société est ternie et leur travail en dépend entièrement (pourquoi payer deux fois le prix d'un billet sur une autre compagnie si ce n'est pour l'image de voyager sur Air France...). De plus, leur travail devient de ce fait plus difficile aussi. Expliquer aux passagers qu'ils n'y sont pour rien et que ceci leur est imposé par le siège doit être pesant. Il y a peu, ils ont fait une grève, demandant aux actionnaires de refuser les reconduites par leur compagnie. La réponse ne fut pas longue, les actionnaires s'en moquent. Donc cela continuera.
"Des passagers désormais classés client à risque"
"Pour ce qui est des gens qui ont été arrêtés dans l'avion, ce sera un peu compliqué. Pas de remboursement du billet (vu qu'ils seront sûrement classés comme client à risque). Sans parler du fait qu'Air France pourra peut-être porter plainte contre eux pour avoir retardé l'avion (1 minute de retard coûte 1200 euros aux compagnies), sauf si Air France déroge à cette règle, ayant Roissy comme hub.
"En tout cas, je n'aurais jamais cru que travailler à Roissy était aussi éprouvant mentalement. Physiquement, on s'en doute forcément en signant, tous les matériels sont lourds. Mais voir des expulsés en pleurs dans les voitures de police ou pire, un cadavre sorti du train d'atterissage d'un avion (c'est encore arrivé il y a peu de temps sur un vol venant d'Abidjian), c'est assez dur."
Un bagagiste qui restera anonyme pour éviter de perdre son badge sur un faux prétexte.
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