23/10/2007

Des députés ont touché des enveloppes pour faire passer des amendements.

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Affaire Gautier-Sauvagnac : Sarkozy et Breton doivent s'expliquer
À peine entamée, l'enquête montre que la caisse noire de l'UIMM est considérable, et qu'elle ne concerne pas que les syndicalistes. Explications.

Cette information n'arrange personne, deux ministres des Finances se sont assis dessus et ont empêché que la Justice s'en saisisse, Nicolas Sarkozy et Thierry Breton ont couvert une information atomique. »
Quelle histoire !
Ce qui n'était, au départ, qu'un délit de droit commun est en train de devenir un énorme scandale impliquant non seulement le syndicat patronal, mais aussi des ministres.

Tout a commencé le 26 septembre. Ce jour-là, le Figaro révèle que le parquet de Paris a été saisi d'une enquête de Tracfin, la cellule anti-blanchiment du ministère des Finances, sur des retraits suspects de grosses sommes en liquide, opérés à la demande de Denis Gautier-Sauvagnac, président de l'UIMM. Le total des sommes retiré sur un compte de son organisation à la BNP, entre 2000 et 2007, serait de 5,6 millions d'euros.

Le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire, confiée à la brigade financière. Le responsable patronal se défend de toute malversation.

Mais le 3 octobre, des perquisitions ont lieu au siège de l'UIMM, au domicile de Denis Gautier-Sauvagnac et chez une femme ayant effectué des retraits. Une somme estimée entre 400.000 et 500.000 euros est saisie.

Le 12 octobre, les policiers saisissent environ 2 millions d'euros dans un coffre loué par l'UIMM, sur les indications de cette dernière. Le 13, l'analyse de deux comptes à la BNP permet de détecter des retraits de 5,6 millions d'euros sur l'un et de 4 millions sur l'autre entre 2000 à 2007, plus 7 millions à la banque Martin Maurel.

Et le 18 octobre, le Parisien révèle que le trésor de guerre atteindrait 600 millions d'euros. La caisse noire de l'UIMM était financée par des cotisations versées par une centaine d'entreprises, sur la base d'un prélèvement de 0,04% de leur masse salariale.

En trois semaines, le patronat se retrouve au cœur d'un scandale financier qui finit par ressembler aux grandes affaires italiennes des années 1990. Les derniers développements sur le scandale de l'UIMM posent deux questions auxquelles l'enquête devra répondre :
1) Pourquoi l'Etat a-t-il attendu le 26 septembre 2007 pour saisir la Justice ? L'existence d'une caisse noire et de retraits de grosses sommes en liquide par M.Gautier-Sauvagnac, le patron de l'UIMM, sont connus depuis longtemps, au moins depuis 2004. À l'époque, la BNP alerte Tracfin de ces retraits soupçonneux. Tracfin enquête avant de transmettre ses conclusions au ministère des Finances.

Pourtant ce dernier ne communique l'information à la Justice qu'en 2007, à l'initiative de la ministre Christine Lagarde.

Que s'est-il passé entre 2004 et 2007 alors que, rappelons-le, Nicolas Sarkozy et Thierry Breton étaient ministre des Finances ?

Eric Decouty, journaliste au Figaro et auteur du premier article sur le sujet, insiste sur ce point : « Cette information n'arrange personne, deux ministres des Finances se sont assis dessus et ont empêché que la Justice s'en saisisse, Nicolas Sarkozy et Thierry Breton ont couvert une information atomique. »

2) Si les caisses noires de l'UIMM ont servi à faire voter des amendements sur des lois, il faut savoir lesquels et qui sont les élus compromis. Quel serait le mobile des élus concernés par cette corruption d'un nouveau genre ? Pour un ancien dirigeant du Medef , « les partis politiques et les syndicats bénéficient de financements légaux, ils n'ont pas besoin d'un troisième financement occulte. Il n'y a pas de trésor caché. »

Pourtant tout Paris bruisse déjà d'informations mettant en cause certains députés. Si Denis Gautier-Sauvagnac a lui-même précisé que cet argent avait pour but de « fluidifier » les relations de l'UIMM avec les syndicats, un vieux routier du social consulté, précise :
« Des députés ont touché des enveloppes pour faire passer des amendements. Pour Gautier-Sauvagnac, fluidifier signifie arroser. »
Mardi 23 Octobre 2007 - 00:01
Pauline Mouchard




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