16/09/2008

"Comment je me suis fait tabasser par une compagnie de CRS"

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Comment je me suis fait tabasser par une compagnie de CRS



ÉCRIT PAR PATRICK MOHR   
13-09-2008

"J’écris tout cela en détails, non pas pour me lamenter sur mon sort. Je suis malheureusement bien conscient que ce qui m’est arrivé est tristement banal, que plusieurs fois par jours et par nuits dans chaque ville de France des dizaines de personnes subissent des traitements bien pires que ce que j’ai enduré". Récit circonstancié d'une interpellation, à Avignon, en été.

Morceaux choisis :


Image
Avril 2007, rue Jean Jaurès, Rennes. Photo trouvée sur Flick'r, signée wyzdor.

je m’avance pour mettre une pièce dans leur chapeau lorsque j’entends le son d’un djembé (tambour africain) derrière moi. Étant passionné par la culture africaine - j’y ai monté plusieurs spectacles et ai eu l’occasion d’y faire des tournées - je m’apprête à écouter les musiciens. Le percussionniste est rejoint par un joueur de Kambelen Ngoni (sorte de contrebasse surtout utilisée par les chasseurs en Afrique de l’Ouest).

(...)

À peine commencent-ils à jouer qu’un groupe de CRS se dirige vers eux pour les interrompre et contrôler leur identité. Contrarié, je me décide à intervenir. Ayant déjà subi des violences policières dans le même type de circonstances il y a une vingtaine d’année à Paris, je me suis adressé à eux avec calme et politesse. Le souvenir de ma précédente mésaventure bien en tête. Mais je me suis dit que j’étais plus âgé, que l’on se trouvait dans un haut lieu culturel et touristique, dans une démocratie et que j’avais le droit de m’exprimer face à ce qui me semblait une injustice.

 (...)

J’aborde donc un  des CRS et lui demande : "Pourquoi contrôlez-vous ces artistes en particulier et pas tous ceux qui se trouvent sur la place ?" Réponse immédiate. "Ta gueule, mêle-toi de ce qui te regarde !" "Justement ça me regarde. Je trouve votre attitude discriminatoire." Regard incrédule. "Tes papiers !" "Je ne les ai pas sur moi, mais on peut aller les chercher dans la voiture." "Mets-lui les menottes !" "Mais vous n’avez pas le droit de…" Ces mots semblent avoir mis le feu aux poudres. "Tu vas voir si on n’a pas le droit." Et brusquement la scène a dérapé.(...)


Ils se sont jetés sur moi avec une sauvagerie inouïe. Mon amie, ma fille, ses camarades et les curieux qui assistaient à la scène ont reculé, choqués, alors qu’ils me projetaient au sol, me plaquaient la tête contre les pavés, me tiraient de toutes leurs forces les bras en arrière comme un poulet désarticulé et m’enfilaient des menottes. Les bras dans le dos, ils m’ont relevé et m’ont jeté en avant en me retenant par la chaîne. La menotte gauche m’a tordu le poignet et a  pénétré profondément mes chairs. J’ai hurlé : "Vous n’avez pas le droit, arrêtez, vous me cassez le bras !" "Tu vas voir ce que tu vas voir espèce de tapette. Sur le dos ! Sur le ventre ! Sur le dos je te dis, plus vite, arrête de gémir !" Et ils me frottent la tête contre les pavés, me tordent et me frappent, me traînent, me re-plaquent à terre. 

(...)

Là. Ils me jettent dans le véhicule, je tente de m’asseoir et le plus grand de mes agresseurs (je ne peux pas les appeler autrement), me donne un coup pour me faire tomber entre les sièges, face contre terre, il me plaque un pied sur les côtes et l’autre sur la cheville il appuie de tout son poids contre une barre de fer. "S’il vous plaît, n’appuyez pas comme ça, vous me coupez la circulation." "C’est pour ma sécurité." Et toute leur compagnie de rire de ce bon mot.

(...)

Un officier vient me chercher pour que je dépose ma version des faits et me faire connaître celle de ceux qui m’ont interpellé. J’apprends que je suis poursuivi pour : outrage, incitation à l’émeute et violence envers des dépositaires de l’autorité publique. C’est vraiment le comble. Je les aurais soi disant agressés verbalement et physiquement. Comment ces fonctionnaires assermentés peuvent-ils mentir aussi éhontément ?"





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**La suite et fin de ton message blog.**


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