19/09/2008

La pression monte sur EDVIGE

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Alliot-Marie priée par Fillon de revoir de fond en comble le fichier Edvige
AFP
AFP - il y a 2 heures 58 minutes

PARIS (AFP) - Sans craindre de la désavouer, François Fillon a demandé jeudi à sa ministre de l'intérieur Michèle Alliot-Marie de revoir de fond en comble le décret instituant le fichier Edvige, évacuant les points les plus sensibles, notamment sur les orientations sexuelles et sur les mineurs.


Exit les "informations relatives" aux personnalités qui "exercent un mandat ou jouant un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif".

Autre modification majeure : Edvige nouvelle version ne pourra comprendre "aucune donnée touchant à l'orientation sexuelle ou à la santé des personnes" et ce "même à titre exceptionnel".

Concernant les mineurs, si la possibilité de collecter des informations sur ceux qui sont "susceptibles de porter atteinte à la sécurité publique" est maintenue, elles seront effacées à leur majorité "sauf si un élément nouveau est intervenu". Ce "droit à l'oubli" était une revendication des anti-Edvige.

L'annonce du Premier ministre est intervenue au moment même où Mme Alliot-Marie se présentait devant les députés de la commission des Lois, qui avaient déjà souhaité mercredi soir une modification en profondeur du fichier, dans le sens annoncé par Matignon. Ce que la ministre n'a pu que confirmer.

M. Fillon lui a demandé de saisir dès vendredi la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) sur ce nouveau décret.

Les règles encadrant le fichier seront beaucoup plus strictes. Les données ne pourront être collectées que pour des personnes "dont l'activité individuelle ou collective" peut "porter atteinte à la sécurité publique", celles "entretenant ou ayant entretenu des relations non fortuites avec elles", ou "des personnes travaillant dans des secteurs ou des domaines sensibles".

Mme Alliot-Marie a indiqué jeudi qu'un "répertoire administratif des personnalités pourra être tenu dans les préfectures", aux informations limitées.

Elle était pressée de toutes parts de revoir sa copie, les critiques se multipliant, de l'opposition, des associations -qui revendiquent 200.000 pétitionnaires- mais également de la majorité et même du gouvernement, au nom de la défense des libertés publiques.

Le ministre de la Défense Hervé Morin s'en était le premier ému, suscitant un commentaire acerbe de sa collègue de l'Intérieur. Mais Michèle Alliot-Marie n'a pas non plus trouvé de réconfort du côté de l'Elysée.

Pour éteindre l'incendie, le président Nicolas Sarkozy l'avait désavouée la semaine dernière exigeant "une solution dans les tout prochains jours" avec "une règle très simple: tout ce qui n'est pas indispensable à la sécurité des Français, il faut l'enlever".

Les députés s'en sont aussi mêlés, la commission des lois, comprenant des députés de droite et de gauche, formulant neuf recommandations qui de fait vidaient de sa substance le décret initial.

Le dernier désaveu est donc venu de Matignon. François Fillon, dont l'entourage indique qu'il "s'est personnellement impliqué" dans ce dossier, a reçu jeudi matin à sa ministre de l'Intérieur.

Le patron du Parti socialiste, François Hollande s'est félicité d'une "marche arrière" du gouvernement, tout en regrettant l'absence de tout débat au Parlement -le fichier étant créé par décret- et en regrettant que subsistent selon lui "des points d'ombre" sur la consultation des fichiers.

François Bayrou, président du MoDem, qui avait appelé à un "mouvement de refus républicain" du fichier Edvige, a immédiatement salué sa "disparition", y voyant "une victoire pour la démocratie".

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