Une centaine de professionnels de la psychiatrie refusent la "perpétuité sur ordonnance". Ils affirment qu’ils ne participeront pas à la mise en place du dispositif de rétention de sûreté prévu par la loi du 25 février, dont les décrets d’application ont été publiés le 5 novembre.
Cette loi "fait rupture" dans la tradition juridique, dans la mesure où elle permet l’incarcération de personnes ayant purgé leur peine, du fait de leur "particulière dangerosité", soulignent-ils dans une pétition. Pour eux, cette loi fait aussi "rupture dans la tradition et l’éthique médicales" puisque "c’est l’expertise médico-psychologique qui devient l’élément clé du dispositif pour décider de cette mesure de sûreté", et que la médecine, dont la mission est "de porter secours et de soigner", "se trouve ici instrumentalisée dans une logique de surveillance et de séquestration".
"C’est une mystification et une confusion organisée des registres", estiment les signataires. "Une mystification car il est faux que l’on puisse prédire, pour un individu donné, les actes à venir". Et une confusion parce que la fonction, la déontologie et l’éthique des soignants "les situent du côté de la personne, ses libertés et ses contraintes, non de l’ordre public désincarné". Pour les professionnels de la psychiatrie, il s’agit essentiellement d’une "manœuvre démagogique", qui "ne résoudra en rien le problème des criminels récidivants" .
"On ne peut plus s’accommoder de dire aux victimes, à leurs parents,"le condamné était dangereux" et le remettre en liberté", a répondu la garde des Sceaux Rachida Dati lors d’une visite au futur centre de rétention de sûreté de Fresnes (Val-de-Marne). "La première des libertés, c’est de vivre en sécurité", a ajouté la ministre, en défendant la loi. Pour la garde des Sceaux, qui a dit "assumer totalement" ces mesures concernant un sujet très "complexe", la rétention de sûreté n’est "pas une peine après la peine". Il s’agit de dire aux condamnés dangereux, "violeurs en série, tueurs en série, qui ne veulent pas se soigner" qu’ils "ne sortiront pas s’ils ne se soignent pas".
Sur les "77 condamnés" actuellement sous surveillance judiciaire, "six sont potentiellement considérés comme dangereux", selon Mme Dati, et pourraient faire l’objet en 2009 d’une mesure de surveillance de sûreté, voire d’un placement au centre de rétention de sûreté de Fresnes, s’ils ne respectent pas leurs obligations.
france info
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