31/01/2009

Chez Sarkozy, on ne dit plus la manifestation mais «les inquiétudes»

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Pour récupérer la réussite de la journée de mobilisation du 29 janvier, le gouvernement et l'Elysée soulignent les « inquiétudes » charriées par le cortège et tentent de faire croire que les Franaçais veulent plus de réforme. Le retour d'une rhétorique déjà utilisée pour faire passer l'échec de l'UMP aux municipales.

(source : http://www.marianne2.fr/Chez-Sarkozy,-on-ne-dit-plus-la-manifestation-mais-les-inquietudes-_a174495.html)

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Le politiquement correct fait des merveilles tous les jours, surtout quand il est accommodé d'une pointe de communication politique. Prenez la journée de mobilisation du 29 janvier : comment parler d'une manifestation populaire de plusieurs millions de Français réunis dans la rue contre la politique du gouvernement ? Eh bien la réponse a été formulée par Frédéric Lefebvre dès le soir de la grève : « A l'UMP, nous sommes attentifs à l'inquiétude exprimée par les manifestants. » Et voici qu'apparait le mot magique : « l'inquiétude » ! Les Français souffrent et ils sortent dans la rue pour le faire savoir, heureusement, le bon roi Sarkozy et sa Cour les écoutent d'une oreille attentive.

Le meilleur vient ensuite : « les Français [veulent] que leurs élus se mobilisent contre la crise plutôt que de manifester dans l'hémicycle... » Inébranlable optimisme de Frédéric Lefebvre — ou incroyable mauvaise foi, au choix…

Une technique approuvée aux législatives et aux municipales
Après avoir fait mine de reconnaître la légitimité de la mobilisation du 29 janvier, rebaptisée donc « manifestation d'inquiétude », le gouvernement et l'Elysée tentent de récupérer l'action syndicale à leur propre bénéfice selon un raisonnement très bien décrit par Raymond Soubie : « Les gens ont besoin de solutions concrètes parce que cette Crise, c'est de l'inconnu », expliquait le conseiller social de Sarkozy, invité sur RTL le 30 janvier avant d'affirmer, sans rire, que le désir des manifestants et des Français en général, c'était que le Président montre «qu'il y a quelqu'un sur le bateau qui est un capitaine et maintient le cap quelque soient les vents forts, au contraire. » Et quel est-il ce cap ? Les réformes bien sûr !



Raymond Soubie, invité de RTL (30/01/09)
envoyé par rtl-fr


La technique consistant à prétendre que la contestation ou la critique sont un appel à plus de réforme n'est pas neuve : lors des municipales de 2008, où la gauche avait fait quelques prises notables, notamment dans l'ouest, tout le gouvernement était sur le pont (radio, télé et presse écrite) pour répéter à l'envi que le score ne reflétait que « l'impatience des Français » de voir les fruits de la réforme. «Le message des Français nous l'entendons : plus vite les résultats », avait affirmé Xavier Bertrand sur RTL. Eh oui : les banderoles satiriques, les slogans assassins contre les ministres et leurs réformes, les mots d'ordre syndicaux contre le paquet fiscal, c'était pour soutenir le gouvernement !

Petit raté chez les Jeunes pop
Intégrée par tous les ministres, la consigne de ne pas évoquer la grève autrement a donné lieu à un petit raté de communication chez les Jeunes populaires, parti « jeune » de l'UMP. Voulant protester contre la décision de ne pas communiquer les notes des étudiants aux examens prises par certaines universités, le président de la formation, Benjamin Lancar, s'est ainsi fendu d'un communiqué pour demander aux professeurs de ne pas faire « faire subir aux étudiants les conséquences de leurs inquiétudes » par la rétention de notes !

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