16/02/2009

Le contraire aurait été etonnant : François Fillon s'insurge contre les barrages en Guadeloupe

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"Ça ne fait pas partie des moyens légaux d'expression", dénonce le Premier ministre. Les manifestants ont érigé lundi des barrages sur les routes, où des heurts ont éclaté avec la police.


(source : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/social/20090216.OBS4914/francois_fillon_sinsurge_contre_les_barrages_en_guadelo.html)

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Les barrages routiers en Guadeloupe ne sont pas des "moyens légaux" d'expression, a dénoncé, lundi 16 février, François Fillon.
Lors d'une rencontre, dans la matinée, avec le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer Yves Jégo, "nous nous sommes préoccupés des conditions de libre circulation dans l'île", a poursuivi le Premier ministre, en marge de la visite d'une usine à Lestrem (Pas-de-Calais).

"Il faut que les stations d'essence soient le plus possible accessibles, il faut que les gens puissent se déplacer, il faut que les Guadeloupéens puissent se procurer les produits de première nécessité", a-t-il ajouté.

"On ne doit pas faire de barrages sur les routes, on ne doit pas bloquer les stations-services, ça ne fait pas partie des moyens légaux d'expression", comme le sont "la grève" ou "la manifestation", a-t-il conclu.
Lundi, des échauffourées se sont produites entre manifestants qui érigeaient des barrages sur les routes et forces de l'ordre qui les démantelaient. Plusieurs dizaines de personnes ont été interpellées.

Des propositions en préparation


Lors de son entretien avec le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, le Premier ministre a également "fait le point sur les propositions que les médiateurs" envoyés sur l'île vont faire "dans les prochaines heures", a-t-il dit.
"Les médiateurs ont rencontré successivement le patronat et les organisations syndicales, ils sont en train de mettre la main à des propositions qui peuvent servir de base à de vraies négociations, cette fois-ci solides, entre les partenaires sociaux", a encore dit François Fillon.

Un syndicaliste du LKP blessé


Lundi, des échauffourées ont éclaté entre forces de l'ordre et manifestants sur les barrages que ces derniers avaient érigés. Plusieurs dizaines de personnes ont été interpellées aux abords des barrages - il y a eu une cinquantaine d'interpellations selon le procureur Jean-Michel Prêtre. L'un des responsables du collectif guadeloupéen LKP, Alex Lollia, a été blessé et s'est vu délivrer 5 jours d'interruption temporaire de travail (ITT). Le syndicaliste souffre de "contusions" et porte une minerve, selon le directeur du CHU de Pointe-à-Pitre, où il a été soigné. Alex Lollia a raconté que "les CRS étaient arrivés en masse, ils avaient commencé à nous frapper et à lancer des gaz lacrymogènes. C'était excessivement violent". Il a aussi affirmé avoir entendu des policiers proférer des insultes racistes.
Neuf barrages érigés par les grévistes du collectif LKP ont été démantelés par les forces de l'ordre. Mais d'autres barrières ont été dressées un peu plus loin. Les autorités reprochent aux personnes interpellées des "entraves à la circulation", et des "violences à l'encontre des forces de police avec jets de pierre", selon la même source policière.

Jégo : "On risque l'affrontement"


De son côté Yves Jégo, le secrétaire d'Etat a l'Outre-mer, a exhorté le patronat à faire rapidement des propositions. Il a toutefois promis de faire "respecter l'Etat de droit" en Guadeloupe.
"Ça suffit, la Guadeloupe ne peut plus attendre", a-t-il déclaré dans un entretien publié par Le Parisien. "Soit on risque l'affrontement, ce que ne souhaite pas le gouvernement. Soit les douze personnes sur lesquelles repose l'avenir de la Guadeloupe, les six présidents des organisations patronales et les six secrétaires généraux des syndicats, se parlent et se mettent d'accord", a-t-il poursuivi.

Rencontre avec des socialistes


Après un nouveau coup de force dans la ville du Moule, qui a rassemblé 9.000 sympathisants selon la police et 50.000 selon les organisateurs samedi, le LKP avait atténué la mobilisation dimanche.
La journée a été marquée par la rencontre avec une délégation du Parti socialiste qui, emmenée par l'ancien ministre à l'Outre-Mer Christian Paul, s'est engagée à interpeller l'Etat sur sa responsabilité dans le dossier. En réponse à Dominique Paillé, porte-parole de l'UMP, qui avait affirmé lundi que "le PS avait décidé de jeter de l'huile sur le feu à des fins politiciennes", François Lamy, conseiller politique de Martine Aubry, de retour de Guadeloupe et Martinique, a jugé : "C'est assez incompréhensible. Ceux qui jettent de l'huile sur le feu sont ceux qui ne répondent pas aux problèmes".

Catastrophique pour le tourisme


Après un mois de grève générale, la cote de popularité du LKP ne semble guère avoir baissé auprès de la population, même si certains espéraient une pause dans le mouvement.
Le Medef-Guadeloupe a mis en garde contre les conséquences économiques du blocage, et a estimé qu'entre 8.000 et 12.000 emplois, sur 79.000, pourraient être détruits dans le secteur privé.
Sur le front touristique, la situation est "catastrophique" selon le président de la fédération des hôteliers Nicolas Vion, alors que les vacances de février des Parisiens viennent de commencer. "Le taux d'occupation est de 20 à 30% au lieu de 90 à 100%", a-t-il expliqué.
Des salariés ont dû être mis en congés forcés ou au chômage technique.
Trois hôtels de Sainte-Anne, dont le Club Med, ont cessé d'accueillir des clients, faute d'un "service acceptable", selon Nicolas Vion qui constate amèrement que la plage est déserte. "Je n'ai jamais vu ça".

Même situation à la Martinique


Le blocage est identique à la Martinique, où le "collectif du 5 février", qui mène depuis 10 jours la grève, a claqué samedi la porte de négociations avec la grande distribution sur des baisses de prix et attend d'elle un accord écrit pour reprendre les discussions. D'ici là, le collectif a appelé à une "grande mobilisation" lundi matin.
Yves Jégo s'est dit dans le Parisien de lundi "confiant" pour l'issue de la crise en Martinique.
A Fort-de-France, il était encore très difficile de faire le plein, la plupart des stations service étant fermées par manque de carburant. Beaucoup d'observateurs ne voient pas d'issue rapide, en tous les cas pas avant mercredi, date du sommet social à l'Elysée. (avec AFP et Reuters)








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