L'ex-patron de la police règle ses comptes avec Sarkozy
jean-pierre havrin
C'est un réquisitoire contre l'action de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur. « Il a détruit la police de proximité » est le livre de Jean-Pierre Havrin, adjoint à la sécurité de la mairie de Toulouse. Ancien patron de la police toulousaine, cet artisan de la police de proximité avait été viré en 2003 par Nicolas Sarkozy.
Quel souvenir gardez-vous de la visite de Nicolas Sarkozy à Toulouse ?
La tête de mes mecs. Je me doutais de ce qui allait se passer - j'avais eu quelques indices - et j'étais plutôt serein, même si j'en ai pris plein la gueule. Mais dans cette salle du Mirail où Nicolas Sarkozy a dit que « jouer au rugby n'était pas la mission première de la police », j'ai vu sur le visage de mes gars le désarroi et l'injustice. Ils faisaient d'énormes efforts depuis quatre ans sur le terrain, ils prenaient des risques et on était en train de les prendre pour des cons !
Vous en voulez à Nicolas Sarkozy ?
Il ne s'agit pas d'une revanche personnelle. Mais il a cassé la police de proximité alors qu'elle prenait de l'ampleur et qu'il fallait lui laisser du temps. C'est irresponsable : on ne pouvait pas tirer un trait dessus parce que ça l'arrangeait politiquement. Ce n'est pas sérieux.
On découvre qu'à l'occasion d'une entrevue dans son bureau Nicolas Sarkozy vous propose un poste de conseiller en échange de votre silence…
Oui. Il était gêné, il n'avait pas mesuré mon pouvoir de nuisance. Je connaissais alors quelques journalistes ! Il me propose d'être conseiller de la direction générale de la police nationale (DGPN) pour le sport, c'était de l'ordre du gag.
La police de proximité avait-elle donné des résultats sur Toulouse ?
Oui. On nous a reproché un faible taux d'élucidation mais la délinquance avait baissé de 5 %. On entendait les gens dire que ça allait mieux, parce que les médecins revenaient dans le quartier ou qu'une épicerie ouvrait. Les flics se sentaient valorisés et la population semblait satisfaite.
Vous êtes aujourd'hui élu à la mairie de Toulouse. Comment travaillent les polices, nationale et municipale ?
Grâce à notre coopération, nous sommes parvenus à des résultats. Sur le créneau horaire de la police municipale, entre 21 heures et minuit, on a renforcé notre présence en doublant voire triplant nos effectifs. Après minuit, c'est la police nationale qui occupe le terrain en renforçant ses patrouilles. Et on s'aperçoit que la nuit à Toulouse, ça va mieux.
Vous avez créé l'Office de la tranquillité. Un an après, quel est le bilan ?
Pour moi, c'est un succès total. D'abord parce qu'on répond aux gens qui auparavant ne savaient pas à qui s'adresser après 17 heures ; ensuite parce qu'on résout des problèmes. Six médiateurs seront sur le terrain à partir de 15 novembre ; ils apporteront un véritable plus. Ils pourront intervenir partout où l'on a besoin d'eux mais j'imagine que leur principale activité portera sur des affaires de bruit au centre-ville.
Vous écrivez que la police municipale se considère comme un « sous-produit ». Quelle devrait être sa fonction ?
Elle doit devenir une vraie police territoriale, avec un uniforme et des véhicules différents, pour qu'il n'y ait pas de confusion. Hélas la couleur de l'uniforme est régie par la loi et il va falloir attendre que la gauche arrive au pouvoir pour la changer.
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