mercredi 23 mai 2007 (11h48) :
Travailler autant pour gagner moins : déjà cent euros
prélevés en plus dans les poches des Français
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Et ce n'est qu'un début ! Suite après les législatives
où les moutons devraient en toute logique donner une
large majorité à leur boucher, afin de lui donner les
moyens de mettre en oeuvre sa politique d'abattoir.
Pendant que Johnny l'idole des beaufs et sa parasite
de bonne femme rentrent en fanfare en France en
vantant les vertus du bouclier fiscal et en nous
infligeant leur énième pub débile (tournée en quelques
heures, payée quelques centaines de milliers d'euros,
l'équivalent de plusieurs dizaines d'années de RMI, et
largement defiscalisée, merci Sarko !), le
gouvernement décide déjà d'amputer le pouvoir d'achat
de l'ensemble des français d'une somme de cent euros
qui ne représente sans doute rien pour les Halliday,
Bolloré, Lagardère, Bouygues mais qui constitue un
sérieux manque à gagner pour ceux qui n'ont pas le
terrible malheur d'être astreints à l'ISF. On imagine
déjà le visage illuminé par la joie de la frange des
53 % d'électeurs sarkozystes au revenu modeste ou
moyen lorsqu'ils vont avoir à débourser l'argent pour
la franchise médicale...
Ci-joint un article de RFI sur la question.
http://www.rfi.fr/actufr/articles/089/article_52054.asp
Question de franchise entre Martin Hirsch et Nicolas
Sarkozy
Mais qu'allait-il faire dans cette galère ! C'est ce
que certains murmurent déjà dans l'entourage de Martin
Hirsch, ancien président d'Emmaüs France et tout
nouveau Haut commissaire aux solidarités actives
contre la pauvreté : nommé seulement la semaine
dernière, le voilà déjà en porte-à-faux avec le
gouvernement à propos de l'instauration d'une
franchise santé, ce forfait annuel de soins que chaque
patient devra acquitter et qui ne sera remboursé ni
par la sécurité sociale, ni par les assurances
complémentaires et autres mutuelles.
Car Martin Hirsch est clair : cela ne lui paraissait
pas une bonne mesure pendant la campagne électorale,
il l'avait longuement explicité sur son blog
(martinhirsch.blogs.nouvelobs.com/), et cela ne lui
paraît toujours pas une bonne chose. Il l'a redit
publiquement ce lundi en réponse à des auditeurs qui
l'interrogeaient lors d'une émission de radio,
provoquant un certain émoi ; la mesure figure en effet
en très bonne place dans le programme du gouvernement
où il vient de faire son entrée.
Les systèmes de santé publique (avec l'Etat
providence) sont l'une des principales
caractéristiques du modèle social européen. Mais
l'apparition du célèbre « trou de la Sécu » dans les
années 1980 a changé la donne. Alors que pendant 40
ans la seule cotisation des actifs suffisait à
financer la santé de tous, aujourd'hui les décideurs
doivent résoudre une équation infernale : une
population française qui vieillit et qui donc consomme
plus de soins, une population active insuffisante pour
abonder la caisse d'assurance maladie (notamment en
raison d'un trop grand nombre de chômeurs qui ne
cotisent donc pas).
Le problème n'est pas typiquement français, et presque
tous les pays européens ont pris conscience qu'il
fallait associer les patients à la maîtrise des
dépenses de santé. Certains ont augmenté le ticket
modérateur (Allemagne), la part laissée à la charge du
patient mais que souvent les assurances
complémentaires remboursent. D'autres ont choisi
d'instaurer une franchise (Belgique, Suisse) : une
participation forfaitaire annuelle aux soins, non
remboursée par la sécurité sociale, non remboursée non
plus par les assurances complémentaires. C'est cette
solution que Nicolas Sarkozy préconise pour sauver le
système français de la faillite.
Une mesure très contestée
Si son programme mentionnait simplement la nécessité
de « responsabiliser » les Français pour lutter contre
l'augmentation massive des dépenses de santé
(www.u-m-p.org/propositions/index.php?id=franchise_sante),
on commence à en savoir plus sur les détails. La
franchise serait quadruple : elle recouvrirait les
premiers euros annuels sur les examens biologiques,
les médicaments, les visites médicales, et les
hospitalisations.
Quel montant ? Rien n'a été officiellement annoncé, le
sujet est terriblement explosif à la veille des
élections législatives, d'autant que les Français sont
très attachés au maintien de leur système de sécurité
sociale. Mais ici et là des chiffres circulent ; cela
pourrait être 25 euros par franchise, soit un forfait
total annuel de 100 euros, ce qui représente 3 jours
de salaire d'un smicard. Il semble que les chiffres
pourraient être revus à la baisse ou à la hausse selon
les années, pour tenter d'accompagner au mieux les
variations des dépenses de santé.
Et c'est parce que le forfait pourrait représenter de
véritables sommes pour les moins fortunés, qui
risquent de ce fait de moins bien se soigner, que la
riposte a commencé de s'organiser. Des médecins
d'abord ont lancé une pétition
(http://www.appelcontrelafranchise.org/), avec à leur
tête les médiatiques Martin Winckler et Christian
Lehmann, tous les deux médecins et écrivains ; leur
appel contre la franchise a déjà réuni quelque 30 000
signatures, dont celle de Ségolène Royal. Pour eux
c'est un nouveau pas vers une médecine à deux
vitesses, la franchise est un signe de régression
sociale, les plus pauvres hésiteront à consulter, et
on risque de voir de petits maux mal soignés se
transformer en vraies maladies, le contraire d'une
bonne politique de santé publique. Des spécialistes
ont pris le relais, rappelant que 70% des dépenses de
soins étaient le fait de 10% de très grands malades,
et que l'instauration d'une franchise ne changerait
pas grand-chose à ces frais. Dernier coup de griffe en
date, celui donc de Martin Hirsch.
« Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne »
C'était Jean-Pierre Chevènement qui avait prononcé ces
mots devenus célèbres pour expliquer son départ du
gouvernement lors de la première guerre du golfe, en
1983. Martin Hirsch devrait-il partir ? D'abord il
n'est pas ministre, ensuite il vient tout juste d'être
nommé, et sa présence fait partie des signes de
l'ouverture vers la gauche et vers la société civile
affichée par le gouvernement de François Fillon.
Aujourd'hui l'histoire se termine bien : Roselyne
Bachelot la ministre de la Santé a expliqué, après
avoir rencontré Martin Hirsch, que l'instauration du
forfait serait accompagnée des exonérations
nécessaires en cas de situation sociale très dégradée,
ce qui ne figurait pas dans le programme de Nicolas
Sarkozy. Et Philippe Bertrand le ministre du Travail a
répété qu'« on ne demandait à personne de renier ses
idées ». Mais le sujet reste brûlant, on le verra dès
demain mercredi : on attend les prochains chiffres de
l'assurance maladie, qui, dit-on, sont bien mauvais.
par Catherine Frammery
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