PARIS (AFP) - Les premiers tiraillements au sein du gouvernement avec ses membres issus de la gauche ont surgi quelques jours après la formation de l'équipe Fillon.
Le plus emblématique d'entre eux, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, exclu du PS dès l'annonce de sa nomination, a publié un communiqué pour faire savoir qu'"il ne soutient pas" le candidat UMP, Arnaud Danjean, qui se présente face au socialiste Arnaud Montebourg aux législatives.
Ce communiqué a été publié au moment où François Fillon lançait la campagne des législatives des 10 et 17 juin depuis Matignon avec les parlementaires de sa majorité.
M. Kouchner a précisé qu'il ne soutenait pas M. Dangean "en dépit de l'amitié et de l'admiration qu'il lui porte depuis le Kosovo".
M. Danjean a été membre du cabinet de Michel Barnier puis de Philippe Douste-Blazy au quai d'Orsay. Au sein de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), il avait auparavant accompli des missions notamment au Kosovo. Il s'y était lié avec M. Kouchner alors haut-commissaire de l'ONU.
M. Danjean avait laissé entendre qu'il ne désespérait pas de recevoir l'appui du "French doctor" dans la 6ème circonscription de Saône-et-Loire que détient depuis 10 ans, M. Montebourg, ex-porte-parole de la candidate PS à la présidentielle Ségolène Royal.
C'est Martin Hirsch, Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, qui avait provoqué le premier accroc, lundi. Il avait contesté les franchises sur les soins prévues par Nicolas Sarkozy, jugeant que ce n'était "pas une bonne mesure" et qu'il "ne l'approuverait pas".
Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, temporisait en déclarant qu'"un gouvernement, ce n'est pas un régiment". Après avoir reçu M. Hirsch, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot minimisait le désaccord, évoquant des exonérations pour "les situations sociales les plus dégradées".
L'ancien président d'Emmaüs France s'est dit, mardi, "rassuré" par ces précisions.
"Je n'ai pas à faire une chose dans un sens, qui est d'aider les gens en difficulté à s'en sortir, et ne rien dire sur une réforme qui peut être en contradiction avec ce que je fais" de l'autre, a-t-il cependant averti.
Le nouveau secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, s'est montré un peu mal à l'aise. Interrogé lundi à Bruxelles, il était resté flou sur la volonté de Paris de bloquer ou non dès juin les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE. Revenu à Paris, il a cependant assuré mardi être "à l'aise avec la position de Nicolas Sarkozy sur la Turquie" .
Interpellé sur les franchises médicales, il n'a pas été très clair. "Sur le principe, cela doit se débattre et doit être regardé", a-t-il dit. Il a néanmoins assuré que ce n'était "pas la mesure avec laquelle (il) pourrait être le moins à l'aise compte tenu de la pratique dans certains pays".
Le PS a saisi l'occasion au vol, pointant dans un communiqué les "désaccords et la cacophonie" gouvernementale et fustigeant "la posture gênée et ambigüe" de M. Jouyet.
Bernard Kouchner, le 12 avril lors du point de presse quotidien du PS, s'était opposé à la franchise, une proposition "hypocrite" et très mauvaise".
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