L'UE divisée sur le partage du fardeau de l'immigration
LUXEMBOURG (Reuters) - L'Union européenne s'est divisée mardi sur le partage du fardeau des immigrés clandestins naufragés en Méditerranée, malgré les appels à l'aide lancés aux autres Etats membres par une île de Malte complètement débordée.
La Valette a été vivement critiqué pour son refus d'accueillir 27 personnes d'Afrique subsaharienne ayant survécu pendant trois jours accrochées à des cages de pêche dérivantes pendant que les autorités maltaises et leurs homologues libyennes se rejetaient la responsabilité des secours.
Ces naufragés ont finalement été récupérés par la marine italienne après un tollé dans l'opinion publique.
"Actuellement, la situation est un désordre complet", a déclaré le ministre maltais Tonio Borg à Luxembourg. "C'est la ruée (...), ils partent tous de deux ports en Libye et 600 migrants meurent chaque année - ce qui constitue une estimation très étroite - à la porte de l'Europe", a-t-il ajouté.
L'île méditerranéenne se dit incapable de gérer seule cet afflux d'immigrés clandestins en provenance d'Afrique. Elle réclame un accord sur la répartition entre les 27 pays membres de l'Union européenne des immigrés récupérés en dehors des eaux européennes, autrement dit près de la Libye.
Cette répartition s'effectuerait en fonction de la taille de chaque pays membre, a précisé Borg.
MAUVAIS SIGNAL
Mais, comme cela s'est passé chaque fois qu'un conflit ou un désastre a poussé aux portes de l'UE des candidats à l'immigration - comme lorsque la guerre dans l'ex-Yougoslavie a incité des centaines de milliers de personnes à se rendre en Allemagne au début des années 1990 -, les autres pays ne veulent pas se partager le fardeau pour toute une série de raisons.
"Ça me paraît très difficile, je ne vois pas techniquement comment les choses pourraient être faites", a estimé Brice Hortefeux, le ministre français de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale.
Même la Commission européenne a accepté l'argument.
"Je ne vois pas comment nous pouvons répartir les immigrés clandestins, cela serait un mauvais signal disant 'vous pouvez venir, nous vous sauverons, nous vous répartirons entre nous'", a réagi par avance lundi un porte-parole du commissaire européen à la Justice, la Liberté et la Sécurité, Franco Frattini.
Nombre de pays craignent qu'un tel mécanisme ne provoque un appel d'air en encourageant l'immigration clandestine.
Malte et la Commission souhaitent au moins la définition de principes entre pays membres sur la responsabilité des secours.
Les ministres de l'Intérieur ont aussi entériné mardi la création d'une force d'intervention rapide de gardes-frontières.
L'agence européenne chargée du contrôle des frontières, Frontex, a toutefois prévenu que cette unité composée de près d'un demi-millier d'agents ne serait déployée qu'en cas d'urgence et qu'elle ne resterait pas en permanence près de Malte ou de l'archipel espagnol des Canaries.
"Frontex n'est pas et ne sera jamais la panacée aux problèmes de l'immigration clandestine", a averti Ilkka Laitinen, directeur exécutif de l'agence, dans une lettre.
Il a souligné que la mission de cette agence n'était pas de mener des opérations de secours mais de protéger les frontières extérieures de l'UE. Les organisations de défense des droits de l'homme accusent l'Union européenne de rendre encore plus périlleux les voyages des clandestins avec son renforcement du contrôle des frontières.
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