Imbroglio autour d'une possible convocation de Jacques Chirac
L'ENTOURAGE DE JACQUES CHIRAC DIT QU'IL N'A PAS REÇU DE CONVOCATION POUR L'AFFAIRE CLEARSTREAM
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PARIS (Reuters) - La convocation comme témoin lundi prochain de Jacques Chirac dans l'affaire des faux listings de la société financière Clearstream est annoncée mercredi par Le Canard enchaîné, mais l'entourage de l'ex-chef de l'Etat et son avocat assurent n'avoir rien reçu.
"Le président Chirac n'a reçu aucune convocation", a déclaré à Reuters un membre de l'entourage de l'ancien président. Me Jean Veil, son avocat, a assuré aussi qu'il n'était pas informé de l'existence de cette procédure, de même que les services du procureur de Paris, Jean-Claude Marin, et du procureur général, Laurent Le Mesle.
Une ambiguité demeure cependant, car les juges d'instruction Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, qui n'ont pas le droit légalement de faire des déclarations publiques, ont pu prendre la décision sans qu'elle soit encore matérialisée.
Ils peuvent procéduralement agir sans en référer au parquet et convoquer personnellement Jacques Chirac, sans en référer non plus à son avocat, dont la présence n'est pas prévue pour un interrogatoire comme témoin.
Il s'agirait de la première convocation par un juge de l'ancien chef de l'Etat, susceptible d'être auditionné, voire mis en examen dans plusieurs autres affaires. L'immunité pénale dont il bénéficiait en qualité de président de la République expire le 16 juin, soit samedi soir.
COMPTE BANCAIRE JAPONAIS
Dans l'affaire Clearstream, des dépositions et des éléments matériels laissent penser que Jacques Chirac a demandé en 2004 à Dominique de Villepin de faire mener par le général Philippe Rondot, spécialiste du renseignement, une enquête parallèle sur les listings Clearstream, qui semblaient compromettre des centaines de personnalités, dont Nicolas Sarkozy.
Ces listings se sont avérés être des faux, mais ont entrainé en 2004-2005 des vérifications judiciaires menaçantes pour les personnes concernées.
Les éléments concernant le rôle de Jacques Chirac résident dans la première audition du général Rondot, qui a expliqué, avant de se rétracter, que Dominique de Villepin se réclamait du président quand il lui a commandé l'enquête.
Dominique de Villepin a démenti. Sur des notes du général Rondot saisies par les juges, le militaire avait consigné ce propos de Dominique de Villepin : "Si nous apparaissons, le PR et moi (président de la République-NDLR), nous sautons".
Nicolas Sarkozy, successeur de Jacques Chirac, est partie civile, c'est-à-dire plaignant, dans le dossier. Il estimait en 2006 avoir été la cible de cette manipulation.
Sont mis en examen pour le moment Jean-François Gergorin, ancien vice-président d'EADS, maison mère d'Airbus, qui a remis les listings à la justice et son ancien collaborateur Imad Lahoud, soupçonné d'avoir fabriqué les faux.
D'autres affaires, sans rapport, ont été mises au jour dans les notes Rondot. Elles faisaient état de l'existence d'un compte bancaire détenu par Jacques Chirac au Japon, crédité de 300 millions de FF, soit environ 45 millions d'euros.
L'ancien président a démenti cette information, qui figure dans des documents des services secrets français de 1996 versés au dossier Clearstream, mais n'a jamais été confirmée par une preuve matérielle directe.
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