LEMONDE.FR | 18.06.07 | 12h33 • Mis à jour le 18.06.07 | 13h17
Même si, pour la première fois depuis trente ans, la France redonne sa confiance à la majorité au pouvoir, c'est tout de même "la fin de la lune de miel de Sarkozy avec la population", regrette, à Londres, le Times, qui avait fait ouvertement campagne pour l'actuel président. "Le président obtient néanmoins une confortable majorité de députés même si la gauche augmente considérablement sa représentation parlementaire", note pour sa part le quotidien québécois Le Devoir, qui titre "Les socialistes résistent".
Si tous les autres candidats membres du gouvernement ont été réélus sans problème exception faite du "symbole" Alain Juppé – "le seul ministre de l'actuel gouvernement à avoir été un proche de Jacques Chirac" – "Nicolas Sarkozy devra néanmoins composer avec une opposition parlementaire plus forte que celles auxquelles avait dû faire face Jacques Chirac en 1993 et en 2002". C'est "la pire erreur" des sondeurs depuis le second tour des présidentielles de 2002, estime de son côté le vénérable Irish Times : en lieu et place de la "vague bleue" qu'ils avaient pressentie, la majorité présidentielle comptera moins de députés que l'actuelle législature.
Pour le quotidien espagnol (libéral) El Mundo, le parti de Nicolas Sarkozy a pâti de la démobilisation de l'électorat de droite et surtout des inquiétudes suscitées par le projet d'augmentation de la TVA. Le Devoir estime lui aussi que "ce sursaut de la gauche est largement attribué à la campagne menée contre l'augmentation de la TVA, un projet à l'étude mais sur lequel Nicolas Sarkozy n'avait pas fait campagne". Cette analyse se retrouve également en "une" du Financial Times, qui consacre d'ailleurs plus de place aux projets de réforme du gouvernement Sarkozy qu'aux résultats des législatives.
LE SCEPTICISME DE LA PRESSE ÉCONOMIQUE
Le quotidien de référence des marchés, qui souligne la "solide victoire" de Nicolas Sarkozy, n'en estime pas moins que son projet de TVA sociale à 24,5 % est une vision de la relance économique à "court terme", que ses mesures fiscales coûteront 2 milliards d'euros cette année, et 11 milliards en 2008, contribuant à aggraver l'état des finances publiques, et que plusieurs analystes économiques qualifient ce "choc fiscal" d'"inapproprié". Une analyse partagée par le Wall Street Journal, l'autre grand quotidien économique international.
Le FT, qui n'avait eu de cesse de plaider pour un grand vent de réformes face au conservatisme du modèle français, estime aujourd'hui que cet "assaut" fiscal risque fort de grever les projets du gouvernement. Notant que la France a l'un des taux de syndicalisation les plus bas en Europe, mais que les Français se passionnent pour les grèves et manifestations dans la rue, surtout lorsqu'il s'agit de réformes impopulaires, le quotidien rappelle que le gouvernement doit successivement s'attaquer au service minimum, à la réforme du budget des universités, ou encore à l'abolition des charges sur les heures supplémentaires. Ce qui nécessitera toute l'habileté du "Prozac du président", François Fillon, modèle de calme et de retenue, parfait dans son rôle de "n°2 du one man show" de Nicolas Sarkozy.
Jean Marc Manach
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