LEMONDE.FR | 06.06.07 | 15h12 • Mis à jour le 06.06.07 | 15h16
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Un tour d'horizon des secteurs d'activité, d'entreprises de taille, de nature et de statut différents, montre qu'il est difficile aujourd'hui de tirer des conclusions générales sur le désir ou non des salariés et de leurs employeurs de recourir massivement aux heures supplémentaires.
Le bâtiment recherche désespérément de la main-d'oeuvre et devrait donc être intéressé par des heures supplémentaires défiscalisées. "Nous refusons des marchés faute de personnel qualifié, notamment de chefs de chantier et de maçons", reconnaît Annick Berrier-Hannedouche, directrice générale de la Société Flandres Construction Bâtiment (Soflacobat), qui réalise le gros oeuvre de maisons et de petits immeubles pour le compte de promoteurs, comme Kaufman & Broad, Pierres et Territoires ou Akerys dans le Nord-Pas-de-Calais. En 2006, cette société de 120 personnes, dont la moitié d'ouvriers en intérim, a dégagé un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros. "L'idée d'heures supplémentaires moins chères est bonne, mais difficile à mettre en pratique. Si seuls quelques ouvriers veulent travailler plus longtemps et pas les autres, je ne peux pas faire tourner un chantier avec une demi-équipe", souligne Mme Berrier-Hannedouche.
Tous les salariés de cette entreprise travaillent déjà 39 heures par semaine, soit les 35 heures légales et 4 heures supplémentaires payées 25 % de plus, comme l'exige la convention collective. "Le chantier où je travaille est à 80 km de ma maison", explique Christian Godard, 48 ans, chef de chantier expérimenté, depuis trente et un ans dans le bâtiment.
Il gagne 2 000 euros net par mois sur treize mois. "Je pars de chez moi à 6 heures et demie et je rentre douze heures plus tard, après une journée dehors par tous les temps. Je suis le premier arrivé et le dernier parti, je ne me vois pas faire des heures supplémentaires, surtout que ma maison est payée et mes trois enfants sortis d'affaire."
Le bâtiment recourt de façon intensive à l'intérim. Soflacobat y a consacré 1,9 million d'euros en 2006. Pascal Turpin, maçon et coffreur, 44 ans, a choisi délibérément le statut d'intérimaire. "Pourquoi travailler plus ? Il faut que je m'occupe de ma famille, et si c'est pour payer des impôts..." Sur ce chantier de 56 maisons en lotissement, à Hazebrouck (Nord), Alexis Delcourt et Philippe Georges sont charpentiers intérimaires, harnachés comme des alpinistes et pendus aux poutres. A 22 ans, après un bac professionnel et trois ans d'expérience, ils gagnent 1 600 euros par mois et sont prêts à arrondir leurs fins de mois un week-end de temps à autre.
L'entreprise Jérôme, à Tours, pose des canalisations. Cette société de 180 personnes peut mener de front une cinquantaine de chantiers. Son PDG, Jean-Claude Brossier, a fait le choix des 35 heures, mais sur un temps annualisé qui permet de ne travailler que 32 heures, soit 4 jours par semaine, en hiver, lorsque les intempéries et le gel contrarient les chantiers, et 39 heures en 5 jours l'été. "J'essaie d'avoir du personnel permanent, jeune, de le former et de limiter au maximum le recours aux heures supplémentaires, trop coûteuses." Il est farouchement opposé à l'intérim, "déstructurant pour les salariés qui peinent ensuite à se réintégrer dans une entreprise. Si les heures supplémentaires coûtent moins cher, je reconsidérerai ma position, mais je ne suis pas certain que beaucoup soient candidats. On ne reviendra pas sur les 35 heures."
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