LE MONDE POUR MATINPLUS | 20.06.07 | 08h19 • Mis à jour le 20.06.07 | 08h19
Ne vous fiez pas à son teint diaphane, à sa chevelure blond vénitien, à sa frêle silhouette. Ne vous fiez pas à la pose alanguie qu'elle prenait récemment pour Paris-Match dans son jardin de Longpont-sur-Orge (Essonne). Nathalie Kosciusko-Morizet, 34 ans, nommée hier secrétaire d'Etat chargé de l'écologie, n'est pas une tendre.
Polytechnicienne, fille du maire de Sèvres, petite-fille de l'ancien responsable des Affaires étrangères au RPR, elle baigne dans la politique depuis toujours. Elle s'en est pourtant écarté en début de carrière, travaillant chez Alstom après un passage à Bercy. "J'ai ressenti une immense frustration au ministère des finances, confie-t-elle. Vous faites des notes mais vous n'avez pas de pouvoir de décision. La politique est une boîte à outils. Il faut du temps pour en conquérir l'accès, mais quand vous avez réussi, vous avez la possibilité de faire les choses. Ce qui est intéressant en politique, c'est l'action. Sinon, vous êtes conseiller du prince, ça correspond à un caractère, pas au mien."
"J'AI MES JALOUX"
Auprès de Jean-Louis Borloo, au sein du superministère de l'environnement et du développement durable, elle va pouvoir jouer avec la "boîte à outils". Ingénieur des eaux et forêts, la jeune femme s'est très tôt intéressée aux questions environnementales : à Polytechnique, où elle se spécialise dans les sciences de l'environnement, puis à Bercy, où elle travaille sur la fiscalité environnementale. En 2002, elle est nommée conseiller technique pour l'écologie et le développement durable au cabinet de Jean-Pierre Raffarin à Matignon. Elle gagne ses lettres de noblesse en 2004, lorsqu'elle est nommée par Jacques Chirac rapporteure de la Charte constitutionnelle de l'environnement, adoptée le 28 février 2005, qui place "les principes de sauvegarde de l'environnement au même niveau que les droits de l'homme", dit-elle avec fierté.
C'est avec le soutien de l'ancien président que la jeune femme est entrée en politique dans l'Essonne en 2002. Non sans provoquer quelques crispations locales. Avec le député Georges Tron, président de l'UMP de l'Essonne, le courant ne passe pas. "Je n'ai jamais compris pourquoi, fait-elle mine de s'étonner. On m'a dit que c'est parce qu'il n'y aurait pas plus d'un ministre dans le département..." Suppléante de Pierre-André Wiltzer, "NKM" devient la benjamine de l'Assemblée en juillet 2002, à la nomination du député comme ministre de la Francophonie. Mais quand celui-ci veut se porter à nouveau candidat en 2007, elle fait barrage et décroche l'investiture de l'UMP. Elle sera élue confortablement, au deuxième tour, avec 56 % des suffrages. Une ascension fulgurante qui laisse des traces : "J'ai mes jaloux. Je le prends avec beaucoup de philosophie. Mon grand-père normalien m'avait offert un livre de Sénèque qui m'a appris une chose : agir sur les points qui dépendent de moi et ne pas faire de fixation sur les autres." Une pugnacité qu'elle devrait démontrer dans sa nouvelle mission. Rapporteure sans concession de la mission d'information parlementaire sur l'effet de serre, elle avait aussi organisé, en décembre 2006, des rencontres parlementaires sur la santé et l'environnement, consacrées à l'impact des produits chimiques sur la fertilité : elle y avait fait diffuser un clip-choc de Greenpeace, devant des représentants de l'industrie chimique médusés...
Anne Rohou
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