La démocratie européenne est à l’épreuve de la réalité des OGM. L’accord majoritaire validé, le 12 juin, par les Ministres européens de l’agriculture prévoit que l’Europe autorise, à partir de 2009, des dérogations pour utiliser certains pesticides de synthèse et des intrants issus d’OGM, pour les cas où des équivalents non transgéniques n’existeraient pas.
Le Conseil européen a aussi décidé d’appliquer un seuil de tolérance pour la contamination accidentelle des produits bio par des OGM. Ce seuil est fixé à 0,9% d’un produit, comme pour l’agriculture conventionnelle.
Les parlementaires de l’Union avaient largement refusé toute trace d’OGM dans l’agriculture bio (611 voix contre, 61 voix pour). Mais cette vision idéale - soutenue par la voix démocratique - de l’agriculture biologique ne résiste pas à l’épreuve des faits. Comme chacun sait, les oganismes génétiquement modifiés « voyagent » partout. Il est impossible de garantir un produit agricole 100% sans traces génétiquement modifiées. D’où la décision pragmatique du conseil européen. On peut la contester mais elle est "raisonnable".
L’Europe lutte réellement contre les OGM en agriculture, mais cette lutte a des limites.
La Roumanie, qui avait misé sur le soja génétiquement modifié pour doper une économie toujours très agricole, a été obligée de revoir sa politique depuis son intégration dans l’UE. Le gouvernement roumain, avec l’aide de l’Europe, accorde aujourd’hui des compensations financières (250 € / ha) aux producteurs de soja pour qu’ils abandonnent les cultures OGM et se reconvertissent. Environ 200 000 ha de cultures sont concernées en Roumanie. Mais la « pollution » OGM entraînée par ces parcelles est réelle.
Les OGM en agriculture posent un problème d’environnement mondial. Face à ce problème, l’Europe ne peut pas se permettre la désunion. Mais la réalité, c’est que la firme américaine Monsanto, qui a notamment vendu aux Roumains des semences de soja OGM, a obligé l’Europe à accepter une pollution de fait.
Sans un gouvernement européen fort, sans une politique économique européenne capable de peser contre les Etats-Unis, comment imaginer des garde-fous contre des politiques commeciales agricoles agressives ? Un traité européen simplifié, tel que le souhaite Nicolas Sarkozy, sera-t-il suffisant pour prendre les bonnes décisions dans ce domaine ?
En attendant, là où Monsanto a testé ses semences et ses pesticides, les agriculteurs Bio « contaminés » sont condamnés à disparaître.
Laurent Watrin
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