Par Julien Martin (Rue89) 13H53 26/06/2007
Ministre de l'Intérieur au début de la procédure, Nicolas Sarkozy attend ce mardi le verdict de la chambre criminelle de la Cour de cassation, dans l'affaire qui l'oppose au rappeur du groupe La Rumeur. Objet du litige: un pamphlet publié dans un fanzine en avril 2002. Sous la plume de Hamé, l'un des membres du groupe, les mots s'étaient faits saignants: "Les rapports du ministère de l'Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu'aucun des assassins n'ait été inquiété."
La plainte du ministère de l'Intérieur est alors immédiate. Depuis cinq ans, le rappeur est poursuivi pour "diffamations publiques envers la police nationale". Mais ce dédale judiciaire lui est pour l'heure très favorable. Le 17 juin 2004, le tribunal correctionnel le relaxe une première fois au motif que les propos en question relèvent de la "liberté d'expression". Rebelote en appel le 23 juin 2006. A chaque fois, Hamé, de son vrai nom Mohamed Bourokba, assume et etaye ses propos à la barre:
"La réalité est que vivre aujourd'hui dans nos quartiers, c'est avoir plus de chances de vivre des situations d'abandon économique, de fragilisation psychologique, de discrimination à l'embauche et d'humiliations policières régulières", avait aussi écrit le rappeur. Et de nombreux experts, sociologues ou encore historiens, sont venus témoigner en sa faveur:
Ce n'est pas la première fois que des rappeurs sont traduits en justice par Nicolas Sarkozy. En 2004, une plainte avait été déposée contre le groupe Sniper pour injures envers la police et menaces à l'encontre du gouvernement. Tribunal correctionnel et cour d'appel avaient déjà tranché pour la relaxe. Mais le pourvoi en cassation est une première.
La décision tombera ce mardi en fin d'après-midi. Mais plus que l'arrêt de la Cour de cassation, Hamé, 31 ans et titulaire d'un DEA de sociologie, craint une dégradation de la liberté d'expression et des conditions sociales dans les années à venir:
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