Philippe Crouzillacq , 01net., le 04/06/2007 à 14h30
On a beau être sage, on n'en est pas moins homme, c'est-à-dire sujet à des crises d'angoisse par rapport au monde qui vient. La preuve par l'exemple avec les dernières recommandations publiées le jeudi 31 mai sur la biométrie, parle Comité consultatif national d'éthique (CCNE). Le recours auxcaractéristiques biologiques pour identifier les individus (empreintes digitales, iris, traits du visage, etc.) est en plein essor.
A l'ère du passeport biométrique (et de ses premiers ratés), du développement de la RFID (identification des objets sans contacts), et du projet INES(identité nationale électronique sécurisée du ministère de l'Intérieur), le CCNE a décidé de faire entendre sa voix avant qu'il ne soit trop tard.
Le comité d'experts « estime indispensable la mise en oeuvre d'un réel contre-pouvoir face à la généralisation excessive de la biométrie ». Toujours selon le CCNE, « la CNIL, devrait se voir conférer le statut et les moyens permettant de mieux garantir son efficacité et son indépendance ». Une formule diplomatique pour dire que ce n'est bien évidemment pas le cas aujourd'hui.
En conclusion de son analyse, le CCNE recommande notamment que soit solennellement réaffirmée la légitimité du secret protégeant l'intimité de la personne, et en particulier ses aspects corporels, familiaux ou sexuels. Il demande « le placement des fichiers d'empreintes génétiques sous le contrôle d'un magistrat du siège hors hiérarchie » ainsi qu' « une stricte application des dispositions relatives au consentement préalable au recueil des données »tout comme « une limitation effective de tout recueil effectué à l'insu des intéressés ».
Enfin, le CCNE invite « à un débat public sur la généralisation abusive du recueil des données identifiantes et leurs implications éthiques ». Pour que chacun prenne conscience des évolutions qui s'annoncent. On ne saurait être plus réservé.
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