15/06/2007

Les vieilles magouilles électorales..trop moderne ..

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Parachutage parfait de Guéant junior en Bretagne/Rue 89
Par Kevin de Latour (Journaliste) 21H35 14/06/2007

François Guéant (DR)

Devenir député sans avoir été élu. C’est le tour de force que pourrait réussir, dans la circonscription de Ploërmel (Morbihan), François Guéant, le fils de Claude, bras droit de Sarkozy et nouveau secrétaire général de l’Elysée. Le "fils Guéant", comme on l’appelle déjà dans les contrées rurales de ce petit coin de Bretagne, a réussi à se faire désigner suppléant du député sortant, Loïc Bouvard.

Elu sans coup férir depuis 1973, l’indéboulonnable parlementaire est candidat UMP à sa succession. En ballottage favorable, Bouvard a de fortes chances de devenir, à 78 ans, le doyen de l’Assemblée nationale, s'il est élu dimanche. Dans ce contexte, les mauvaises langues estiment qu’il pourrait ne pas aller jusqu’au bout de son mandat.

Le Mensuel du Golfe du Morbihan, un magazine local, annonçait dans ses colonnes en juin que Loïc Bouvard pourrait être nommé secrétaire d’Etat aux Anciens combattants après le second tour des législatives. Un poste qu’il aurait négocié en échange de la désignation de Guéant à sa suppléance. C’est en tout cas ce que le député confiait à ses proches avant les élections. Dans ces conditions, Guéant, 32 ans, le remplacerait, tout naturellement.

Il faut dire que ce parachutage a été finement préparé. Tout débute le 22 août 2005. Ce jour-là, Brice Hortefeux, qui est encore ministre délégué à l’Aménagement du territoire, rend visite au tempétueux maire de Ploërmel, Paul Anselin (UMP). Les deux hommes ont un point commun: ils adulent Nicolas Sarkozy. Lors de sa visite, Hortefeux emmène l’un de ses conseillers dans ses valises: Guéant fils, qui est présenté à Anselin. Lequel se met en tête de le parachuter dans la circonscription. Ainsi, l’élu ferait d’une pierre deux coups: faire profiter "son" territoire du "carnet d’adresses" de Guéant junior, tout en poussant Loïc Bouvard vers la sortie. Anselin et Bouvard ne peuvent pas s’encadrer depuis de trop longues années…

En avril 2006, le maire de Ploërmel démissionne donc de la présidence de la Mission locale pour l’emploi. Il y installe Guéant. Ce dernier fait alors des pieds et des mains pour s’implanter dans un terreau local pas franchement favorable à ce genre de "titis parisiens". La méthode est simple: profiter de son poste de conseiller ministériel pour permettre au territoire de décrocher des subventions. Ce qu'il réussit: la région de Ploërmel décroche un "pôle d’excellence rural" inespéré en février dernier, soit 210 millions d’euros pour "développer le tourisme". La signature du pôle d’excellence rural s’effectue en présence d’un autre très proche de Sarkozy: Christian Estrosi. L’alors ministre délégué aux Collectivités territoriales ne tarit pas d’éloges sur "l’excellent travail" mené par François Guéant dans ce dossier.

Mais Bouvard ne rend pas les armes. A 78 ans, pas question pour lui de se faire imposer Guéant comme suppléant. D’autant qu’il avait promis à Jean-Luc Bléher, son suppléant historique, qu’il lui passerait le relais. Du coup, ce dernier brandit la menace d’une candidature dissidente à droite. Exposant ainsi la circonscription à une victoire de la gauche. Une première depuis l’après-guerre…

L’avant dernier acte se déroule entre le 14 et le 18 mai derniers, période de dépôt des candidatures en préfecture. Les tractations se multiplient jusqu’à la clôture de celle-ci. Allers-retours à Paris, coups de téléphone incessants et marchandages de bas étage se succèdent. Bléher est même reçu à Paris par Guéant père, Pierre Méhaignerie, Josselin de Rohan et Alain Marleix, les patrons de l’UMP. Le vendredi 18, le miracle a lieu… Tout rentre dans l’ordre. Bouvard a cédé et Bléher s’est retiré "pour rester libre". Le premier a négocié son secrétariat d’Etat… le second se serait garanti une place au Sénat.

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