23/06/2007

NPNS, en congrès

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Politiques/Libé
Ni putes, ni soumises, ni de droite
Conseil national de NPNS ce week-end, après l'entrée de Fadela Amara au gouvernement.
Par Laure EQUY
QUOTIDIEN : samedi 23 juin 2007
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Les esprits s'échauffent à la veille de la rencontre annuelle des comités de Ni putes ni soumises, le mouvement fondé à l'origine contre la violence faite aux femmes dans les cités. Son conseil national, ce week-end à Paris, tombe à point nommé pour les militants, qui comptent réclamer des explications à leur présidente-fondatrice, Fadela Amara, sur sa nomination comme secrétaire d'Etat à la ville, auprès de Christine Boutin. Fadela Amara doit annoncer officiellement sa démission et confier la présidence par intérim à Sihem Habchi, actuelle vice-présidente.
Pacte avec l'ennemi. L'entrée de Fadela Amara au gouvernement a été accueillie avec perplexité par les responsables de comités locaux, plus nombreux à dénoncer un «pacte avec l'ennemi» qu'à se réjouir d' «une bonne surprise».
Ni putes, ni soumises, ni de droite donc. Les militantes craignent une récupération politique, assimilant leur association au gouvernement. Ce «choix personnel, qui n'engage que Fadela, a déjà un impact fort sur le terrain», relève Riva Gherchanoc, la présidente du comité de Seine-Saint-Denis à Montreuil. Elle a diffusé jeudi une pétition intitulée «NPNS en colère» pour rassurer les sympathisants et rappeler l'indépendance de l'association. Nadia Ekhtali, chargée du comité de Picardie, appelle elle aussi à «distinguer le poste confié à Fadela Amara de l'action de l'association». Etonnement d'une ancienne militante de Tarbes, qui a quitté l'année dernière NPNS, un «mouvement qui s'est trop politisé» : «Je croyais pourtant Fadela sincèrement de gauche.»
Imposer ses convictions. Fadela Amara, qui a été conseillère municipale socialiste à Clermont-Ferrand, n'est pas soupçonnée par ses amies de NPNS d'avoir retourné sa veste pour satisfaire ses ambitions personnelles. Elle aurait plutôt pêché par naïveté, pensent certains responsables de comité. Magalie Eléouet, qui a quitté le bureau NPNS de Carpentras, va même jusqu'à saluer avec ironie un joli coup du président de la République. «Avant, on a toujours tendu les micros à Fadela pour lui demander son avis sur tel ou tel fait de société. En la nommant, Sarkozy a bien manoeuvré : il peut maintenant contrôler sa liberté de parole», estime-t-elle. Fadela nommée, Amara muselée ? «Je sais de quoi elle est capable. Elle se démènera pour imposer ses convictions. Non, elle ne dira pas amen à tout», répond Nadia Ekhtali.
Tout en soulignant le tempérament et le courage de «Fadela», les militantes de NPNS doutent de sa capacité à faire entendre une voix dissonante au sein du gouvernement. Son duo étonnant avec la ministre du Logement, Christine Boutin ­ qui la «chapeaute» ­, ne convainc pas. La première, féministe de gauche, plaidant pour la mixité et la laïcité, la seconde, fervente catholique, partie en croisade contre le pacs et l'IVG. Le tandem ne suscite que des «faut voir...» sceptiques. La base de Ni putes, ni soumises demande à juger sur pièces et promet d'être vigilante. Stéphanie Estève, du comité de Toulouse, satisfaite par cette nomination, avertit : «Si elle propose quelque chose de contraire à notre éthique, on "gueulera" exactement pareil.»

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