Sans-papiers: sept mois après Modeluxe, mobilisation chez Buffalo Grill
Par Sylvain PEUCHMAURD
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EVRY (AFP) - Une cinquantaine de sans-papiers, salariés de la chaîne de restauration Buffalo-Grill, occupent depuis le 29 mai le restaurant de Viry-Chatillon (Essonne) pour obtenir leur régularisation, sept mois après un mouvement similaire à la blanchisserie industrielle Modeluxe, à Chilly-Mazarin.
D'une vingtaine le premier jour, ils étaient une cinquantaine lundi, Maliens pour la plupart, venus de 18 restaurants d'Ile-de-France pour occuper une partie du restaurant. Chaque jour, ils investissent les lieux le matin, pour les libérer le soir, indique Raymond Chauveau, membre de l'union départementale CGT qui les soutient.
"L'idée est que tous les sans-papiers de Buffalo Grill +sortent du bois+", déclare M. Chauveau, pour expliquer le gonflement des rangs des occupants depuis une semaine.
Pour M. Chauveau, qui a participé au mouvement de Modeluxe en octobre 2006, les similitudes avec Buffalo Grill sont flagrantes: "ce sont des personnes qu'on embauche parce qu'on sait qu'ils n'ont pas de papiers".
"Les sans-papiers sont la dernière variable d'ajustement", martèle le responsable syndical. "On les vire comme ça, du jour au lendemain", s'insurge-t-il. Chez le blanchisseur comme chez le restaurateur, les sans-papiers ont commencé à agir à partir du moment où des procédures de licenciement ont été engagées contre certains d'entre eux.
"C'est un système", dénonce M. Chauveau. "Un patron sait tout de suite qui est sans-papiers et qui ne l'est pas", insiste-t-il.
Dans un cas comme dans l'autre, les salariés affirment que leur direction était au courant. A chaque fois, celle-ci affirme le contraire.
Aliou Sidibé, employé polyvalent chez Buffalo Grill depuis trois ans, à Brétigny-sur-Orge puis à Ris-Orangis, déclare avoir fait des "heures supplémentaires énormes", sans que celles-ci ne soient payées en conséquence. "Dans les grandes entreprises, ils connaissent les lois, à eux de savoir si les papiers sont vrais ou pas. On a de la famille à faire vivre en Afrique, ils savent qu'on a besoin de travailler", explique-t-il.
De son côté, la préfecture de l'Essonne rappelle qu'il incombe normalement à l'employeur de demander la présentation des originaux. Les entreprises ont la possibilité de consulter la préfecture qui a délivré un titre de séjour pour s'assurer de son authenticité.
La direction de Buffalo Grill, qui déclare avoir été "abusée", se dit prête à "épauler" ces salariés pour les aider dans leurs démarches. "On a besoin d'eux", explique Erich Harasymczuk, président du directoire. Après le signalement de plusieurs cas de faux papiers dans les Yvelines, l'enseigne a entamé une procédure de vérification systématique dans toute la France. Certains ont été licenciés, d'autres ont été "forcés à démissionner", selon la CGT.
A l'issue d'une réunion lundi, M. Chauveau a déclaré à l'AFP que le préfet avait fait preuve d'"ouverture". De son côté, la préfecture indique que les éléments recueillis lors de cette réunion, qui sont "susceptibles de toucher d'autres départements que l'Essonne", seront transmis aux autorités ministérielles compétentes, à savoir le ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Co-développement.
Chez Modeluxe, qui avait connu une semaine d'occupation, 22 sans-papiers avaient finalement obtenu leur régularisation, mais la majorité n'ont pas pu réintégrer l'entreprise. Une procédure devant le tribunal des prud'hommes est en cours.
Les cas de Buffalo Grill et Modeluxe, ne sont pas isolés, selon M. Chauveau: "il y a des milliers de salariés sans-papiers".
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