PARIS (Reuters) - Le projet de réforme des universités ne sera pas présenté en conseil des ministres mercredi, comme cela était prévu, afin de mener à terme les concertations nécessaires, a annoncé lundi l'Elysée.
"Le président de la République souhaitait, comme sur les grands chantiers de ce quinquennat, une rencontre de concertation avec les principales parties prenantes à cette réforme", a expliqué son porte-parole, David Martinon.
Le projet sera, selon lui, "vraisemblablement" présenté en conseil des ministres le mercredi 4 juillet.
"Je suis raisonnablement optimiste sur le succès de cette réforme", a déclaré lundi soir la ministre de l'Enseignement supérieure sur France-Inter qui n'a pas exclu que le texte puisse être "un petit peu" amendé.
"Tout le monde a envie que ça bouge", a dit Valérie Pécresse. "Aujourd'hui on est dans la phase de finalisation."
"On se parle, on s'écoute et on progresse", a-t-elle souligné, confiant qu'elle avait "le sentiment d'être considérée par eux comme une très bonne partenaire de concertation."
Après la Conférence des présidents d'université (CPU) lundi, Nicolas Sarkozy doit recevoir mardi les fédérations de personnels et d'enseignants-chercheurs puis des organisations étudiantes pour faire le point sur ce projet. Une concertation menée en présence du Premier ministre, François Fillon, et de la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse.
Le projet de loi, qui prévoit d'accorder plus d'autonomie aux universités en leur permettant notamment de mieux gérer leur patrimoine immobilier et le recrutement, a soulevé des critiques chez les étudiants et au sein du Parti socialiste.
"L'objectif c'est d'avoir bien en tête tous les tenants et les aboutissants de la réforme pour arbitrer au besoin s'il y a des réticences, ou s'il y a des points à approfondir", a poursuivi David Martinon.
"Le présenter mercredi au conseil d'Etat, ça aurait montré que (Nicolas Sarkozy) ne tirait pas les conclusions de la phase de concertation qu'il a entendu mener lui-même", a-t-il ajouté.
A la sortie de leur entretien, les trois vice-présidents de la CPU ont approuvé l'idée d'autonomie. Mais ils souhaitent qu'à terme tous les établissements en bénéficient. Le texte évoque actuellement une base de volontariat.
"Nous pensons que toutes les universités doivent pouvoir bénéficier des nouvelles compétences (...) en matière de gestion budgétaire, de gestion des ressources humaines et en matière immobilière", a dit le premier d'entre eux, Jean-Pierre Finance.
DÉBUT DE GROGNE ÉTUDIANTE
La CPU souhaite que la centaine d'universités françaises puissent y accéder dans un délai de cinq ans environ.
Pour ce qui est de la composition des conseils d'administration, la CPU suggère qu'elle passe de 20 membres aujourd'hui à une fourchette allant de 20 à 30 personnes selon la taille des universités et leur composition.
Selon Valérie Pécresse, une petite partie des cinq milliards que Nicolas Sarkozy souhaite injecter à l'enseignement supérieur sera utilisée pour la réforme de l'autonomie.
L'Unef, premier syndicat étudiant, s'est félicité "de ce premier desserrement du calendrier" et de voir que le gouvernement a pris "la mesure de l'impasse dans laquelle il s'engageait".
Il réaffirme que l'avant-projet de loi est "inacceptable en l'état et dangereux pour les étudiants" et parle d'un "texte bâclé dans ses grandes orientations et profondément dogmatique".
"En l'absence de modifications profondes du texte, le gouvernement porterait une lourde responsabilité dans un nouvel affrontement avec la jeunesse qui ne manquerait pas d'intervenir à la rentrée", ajoute l'Unef dans un communiqué.
La Fédération syndicale unitaire (FSU) et le SNESUP-FSU se félicitent eux-aussi de ce que "la protestation (...) ait pu être un tant soit peu entendue" et souhaitent que ce report permette de lancer "une véritable concertation et de mettre en chantier un tout autre projet de loi".
La Fage a critiqué pour sa part "un texte qui remet en cause les fondements de nos universités".
Interrogé sur ce début de grogne des étudiants, David Martinon a répondu : "Il est normal de les écouter".
Michel Lussault, troisième vice-président de la CPU, a noté pour sa part qu'"on ne fait pas de réformes sans qu'il ait des mécontentements et sans qu'il ait des risques de crispation".
"Faudrait-il jamais ne rien faire parce qu'il y a quelques incertitudes sur la manière dont ces réformes sont acceptées soit par les étudiants, soit par les enseignants, soit par les présidents d'universités, bien sûr que non", a-t-il dit.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire