Le logement constitue dans le pouvoir d’achat des Français une part importante, voire majeure de leur budget. L’augmentation des prix de l’immobilier (tant acquisition que location), qui est de plus de 120 % en dix ans, a créé des désordres financiers dans les ménages, surtout chez les plus défavorisés et les jeunes.
L’augmentation est due principalement à une forte demande (en constante évolution) et à une offre moindre (due notamment au manque de foncier). Parallèlement à cette demande croissante, la création de logements sociaux n’a pas suivi et l’application de la loi SRU (qui impose un quota de 20 % dans son article 55) reste insuffisante (manque d’une volonté politique, surcoût du foncier pour les petites communes qui n’ont pas les moyens suffisants, amendes pas assez dissuasives...).
Certaines régions, comme l’Ile-de-France ou PACA, ont connu ces dernières années une accélération de la demande (marché de l’emploi plus porteur en Ile-de-France ; retraités du « baby boom » , décentralisation, climat, engouement des étrangers dans le Sud...), ce qui a engendré des énormités dans les plus-values immobilières. Cette spéculation pénalise en premier lieu les résidents locaux, qui vivent avec des salaires en très légère augmentation et doivent se loger dans des surfaces moindres pour des prix de vente ou de location jusqu’à deux fois plus chers ! Différentes mesures défiscalisantes ont favorisé ces quinze dernières années la location à des prix moins agressifs du fait des plafonnements imposés par les pouvoirs publics (lois Méhaignerie, Périssol, Besson, Robien... et maintenant Robien recentré et Borloo). Il est clair que dans ces cas-là ce sont les investisseurs, particuliers pour la plupart, qui se subtituent à l’Etat pour faire en quelque sorte « du logement social ».
On ne peut contester que ces mesures permettent une mise en location de logements qui, normalement, ne trouveraient pas ou peu de preneurs (ces investisseurs étant déjà propriétaires de leur résidence principale - donc pas de besoin vital - et les publics-cibles n’auraient pas les moyens de les financer eux-mêmes !).
Ce que l’on peut contester, en revanche, c’est le caractère non pérenne de ces mesures (limitation dans le temps), ce qui incite ces mêmes investisseurs à revendre le bien (une fois amorti, et quand la loi les y autorise), et cette fois à des prix marché exhorbitants. Par exemple, pour l’achat d’un type 2 en 1998, au prix de 550 000 francs (env. 85 000 €), l’nvestisseur aura la possibilité de le revendre en 2007 au prix de 160 000 à 170 000 € ! Le locataire, qui aura la priorité d’achat, devra s’endetter sur 25 ans avec une mensualité de 850 € environ (alors que son loyer pour ce type de logement se situait aux alentours de 500 € !). Le prêt à taux 0 % l’aidera pour le finacement des frais de notaire, mais s’il n’a pas une aide familiale ou des revenus supérieurs à 2 600 €, il sera obligé de déménager pour un loyer supérieur dans le secteur libre.
Les mesures de défiscalisation sur les résidences principales (intérêts d’emprunts, défendues par Nicolas Sarkozy) - hormis des réflexions sur leur financement - n’apportent que peu ou pas de solution en terme de logement proprement dit avec un effet « boomerang ». Je m’explique : pour ce qui est des intérêts d’emprunts sur les résidences déjà acquises, les personnes intéressées n’achèteront pas pour autant une deuxième résidence principale ! Donc sans effet sur le marché immobilier. Par contre, il est probable que certains acheteurs potentiels « attentistes de mesures », vont accélérer leur positionnement dans ce segment d’activité. Il y aura donc une nouvelle dynamique du marché immobilier qui va, de ce fait, augmenter la demande. Sans avoir en parallèle des mesures pour amplifier l’offre, ceci va accentuer le déséquilibre « offre et demande », et ainsi, l’immobilier dont la hausse des prix tendait depuis 2006 à se stabiliser voire à s’infléchir, va repartir de plus belle, et les conséquences sur le logement des familles seront difficilement maîtrisables ! N’oublions pas que le nombre de ménages ne cesse d’augmenter...
Les pouvoirs publics ont une réflexion à mener sur le « pouvoir de se loger ». Les mesures de défiscalisations sur le locatif peuvent être intéressantes sur le court et le moyen terme, mais ne donnent pas de solution satisfaisante sur le long terme. Le logement concerne toutes les familles et doit être l’une des priorités d’un gouvernement, car sans un logement décent aucun avenir ne peut se construire !
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