Université: le projet de loi sur l'autonomie provoque une levée de boucliers
PARIS (AP) - L'avant-projet de loi sur l'autonomie des universités, présenté mardi, a provoqué une levée de boucliers des principaux syndicats de l'Enseignement supérieur. L'UNEF, principale organisation étudiante, parle de "provocation inacceptable" et menace d'une rentrée universitaire "très offensive" si le texte n'est pas modifié.
"Ce que nous prévoyons, c'est tout sauf un désengagement de l'État", assure de son côté la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Valérie Pécresse dans un entretien au journal "La Croix" daté de mercredi.
Le texte de l'avant-projet de loi -composé de 32 articles- a été transmis aux représentants du secteur universitaire mardi après-midi lors d'un groupe de travail au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche à Paris.
Il prévoit notamment une autonomie à la carte, avec le droit pour les universités de demander à bénéficier de "responsabilités et de compétences élargies en matière budgétaire et de gestion des ressources humaines".
Il prévoit également la possibilité d'un transfert, par l'Etat aux établissements, "de la pleine propriété des biens mobiliers et immobiliers qui leur sont affectés ou sont mis à leur disposition". Par ailleurs, le Conseil d'administration de l'université déterminera les conditions d'accès aux formations de deuxième cycle.
Le projet réduit également la taille du Conseil d'administration, notamment la représentation des étudiants, et renforce le pouvoir des présidents d'universités.
Le texte doit être soumis pour avis consultatif vendredi au Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER), puis présenté au Conseil des ministres du 27 juin prochain.
"Ce texte fait exploser les cadres disciplinaires en matière de recrutement des enseignants-chercheurs. Il multiplie la précarité des emplois. Il introduit la sélection à l'entrée du master. Il étouffe la démocratie universitaire dans des instances réduites", estime la Fédération syndicale unitaire (FSU, première fédération de l'Education) dans un communiqué diffusé mardi.
"C'est une douche froide pour nous, d'abord parce que depuis un mois, on s'est engagé de manière très volontaire, très positive, et constructive pour négocier une loi. On a fait de nombreuses propositions et on nous présente une loi bâclée dans un calendrier qui cache mal un passage en force du gouvernement", déclare de son côté le président de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF) Bruno Julliard.
"La loi est dangereuse. Elle va accroître les inégalités puisque chaque université pourra décider de son périmètre de compétences", ajoute-t-il. Bruno Julliard estime aussi que le texte restreint la démocratie au sein des universités, en réduisant fortement le nombre d'étudiants représentés dans les conseils d'administration.
"On nous avait promis que ce projet de loi ne concernerait pas la sélection, alors que le texte organise de fait la sélection au niveau master", dénonce-t-il également.
M. Julliard rappelle que le gouvernement avait promis que les droits d'inscription resteraient fixés par l'Etat et que cette disposition figurerait dans le texte. "Au final, il n'y a pas une ligne là-dessus", déplore Bruno Julliard.
Si le projet reste en l'état, "nous préparerons une rentrée très offensive dans les universités", prévient-il. "On a montré récemment qu'on pouvait faire échec à une loi déjà votée".
Le président de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) Thiébaut Weber se dit, lui, "choqué par les propositions qui sont faites".
Pour lui, le projet va "accélérer la mise en oeuvre d'un système à deux vitesses avec les universités les mieux dotées qui bénéficieront de pouvoirs élargis". "Il est certain que dans la forme actuelle, un texte comme celui-là ne passera pas dans la communauté universitaire. Nous nous y opposerons".
"Je veux redonner du sens au contrat pluriannuel passé entre l'Etat et les universités, considéré jusqu'ici comme un exercice purement formel", explique pour sa part Valérie Pécresse dans "La Croix". "Il faut en faire un contrat d'objectifs et de moyens, avec une vraie évaluation a posteriori". AP
god/sb
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