
Solidarité . Le comité de soutien aux travailleurs maliens des abattoirs de Montfort-sur-Meu (Bretagne) rencontre aujourd’hui les grévistes de Buffalo Grill en région parisienne.
Les deux bouts de la chaîne, de l’abattage à l’assiette du restaurant. Entre Montfort-sur-Meu, une petite ville à une vingtaine de kilomètres de Rennes (Ille-et-Vilaine), et la banlieue parisienne, des sans-papiers salariés depuis plusieurs années sont poursuivis pour avoir produit de faux documents d’identité et licenciés. Aujourd’hui, une délégation du comité de soutien aux 25 travailleurs maliens des abattoirs de la Cooperl à Montfort-sur-Meu doit se rendre sur le parking du restaurant Buffalo Grill de Viry-Châtillon (Essonne) pour rencontrer les 65 salariés en grève depuis le 29 mai. « On avait déjà suivi les conflits chez Modeluxe et de Metalcouleurs, on vient prendre des conseils, explique Claudine Rochefort, responsable du collectif Mali-Montfort. Eux ont réussi à être régularisés de façon groupée alors que notre dernier entretien avec le préfet a été catastrophique. »
Toute la petite ville indignée
Les 25 Maliens salariés de la Cooperl ont tous été interpellés le 28 février dernier alors qu’ils travaillaient depuis plusieurs années sous une fausse identité. Leur arrestation avait immédiatement suscité l’indignation dans la petite ville qui n’a cessé de témoigner de leur « bonne intégration », du curé au maire, en passant par le président du club de foot. Depuis, deux d’entre eux ont été expulsés, dont un qui doit revenir la semaine prochaine avec un visa en bonne et due forme. « C’est le candidat UMP qui l’a annoncé entre les deux tours, explique Claudine. Si ça, ce n’est pas une manoeuvre électorale ! » D’autant que les 23 restants sont condamnés à la clandestinité, sous le coup d’une reconduite à la frontière. « La préfecture leur reproche d’être dans des réseaux, parle d’esclavage avec les faux papiers. En résumé, tout est de leur faute », s’indigne le comité de soutien.
Chez Buffalo Grill, en région parisienne, c’est la justice qui tente désormais de cerner les responsabilités. La direction de la chaîne de restauration jure qu’elle ne savait rien et que les contrôles en cascade ont été déclenchés par une opération de la gendarmerie. Or, selon la préfecture des Yvelines citée par le Monde, c’est le manager du restaurant d’Orgival qui a alerté les forces de l’ordre. « Il a voulu se débarrasser d’un salarié qui s’était présenté aux élections professionnelles sous l’étiquette CGT », affirme Raymond Chauveau, responsable de l’union départementale CGT. Quant au parquet d’Évry (Essonne), il a ouvert une enquête préliminaire le 6 juin dernier et auditionné le président du directoire et le DRH de Buffalo Grill. « Aucun élément ne permet de mettre en cause la direction », en a conclu le procureur de la République. Selon la CGT, « on va descendre du PDG aux managers pour trouver les lampistes ». Mais, rappelle Raymond Chauveau, même la directrice départementale du travail a évoqué « un système de gestion centralisée, y compris chez les franchisés ».
Samedi à Rennes, les militants du collectif Mali-Montfort ont distribué des tracts au marché des Lices et devant les Buffalo de la ville, avec d’un côté un texte de la CGT de l’Essonne et, de l’autre, la mobilisation des Bretons. Toujours avec la même exigence : la régularisation des salariés sans papiers.
Lénaïg Bredoux
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