21/07/2007

21 juillet 2007 arrestation filmée...

Partager
----------------- Bulletin Email -----------------
De : Châpi-Chapô ! RÉSISTANCE !
Date : 21 juil. 2007, 05:40


----------------- Bulletin Email -----------------
De : Geneviève
Date : 21 juil. 2007, 13:16


« Paris 18 Marché Dejean arrestation musclée terminée mais quelqu'un a filmé la scène. »

On m'a transmis ce mail de Resf, mercredi matin. C'est Flore qui a donné l'alerte. L'arrestation musclée a eu lieu mardi soir, en plein quartier de la Goutte d'Or, vers 18 heures, moment d'affluence. Les témoins ont échangé leurs numéros. Damien est celui qui a filmé la scène avec son portable. Emmanuel a vu partir des coups dans la voiture de police. « C'est pas une question de sans papiers, mais de légumes illégaux, s'indigne Flore. Presque tous les jours, la police se livre des courses poursuites contre les vendeuses de légumes à la sauvette. Cette fois, c'est Josiane, qui est enceinte de huit mois, qui a été prise à partie, et embarquée très violemment. Une autre femme enceinte s'est pris un coup. Les policiers ont utilisé leurs lacrymogènes contre les passants. » Mardi soir, la police a été filmée en pleine opération de maintien de l'ordre entre les rues Dejean et Poisonnier:

voir la vidéo privée en milieu d'article.

Retour au marché, mercredi. Au bout de la rue Dejean, on se presse autour des vendeuses de safous. Quatre sont encore « parties en garde à vue » une demi-heure plus tôt. Celles qui en ont réchappé continuent de vendre. Leurs safous – des petits fruits violets de la famille des avocats – partent comme des petits pains. Cinq euros pour 6 ou 7 safous, c'est selon.
« Josiane est à l'hôpital, raconte Marie, assise sur un tabouret en plastique. L'hôtel Dieu. La dame qui était à terre est à 8 mois et deux semaines de grossesse ! Elle était là, couchée dans l'eau. Presque nue corps ! C'était affreux. On sait que c'est interdit de vendre dans la rue. Mais c'est pas comme ça qu'on interpelle les gens ! On vend des fruits, des légumes, c'est pas de la drogue, c'est pas de la contrefaçon. On vend des produits vivriers, qui sont dédouanés à Roissy. C'est la population africaine qui mange, c'est notre nourriture ! On mange ça. Ca vient du Cameroun. Nous sommes tous des Camerounais. On ne gêne personne ! ».

On se presse autour de Marie, qui vend tout en parlant.
« Qu'est-ce qui se passe? », dit une fille.
« C'est notre soeur qui est à l'hôpital », dit Marie. « Josiane a demandé gentiment au policier, poursuit-elle. "Donnez moi une contravention, mais laissez-moi la marchandise. Je vous en prie." Elle avait presque 23 kilos de safous, c'est beaucoup d'argent... Ils l'ont arrêtée. Ils l'ont prise par la gorge. Mais elle a tous ses papiers! Elle a sa carte de dix ans. Elle a une licence d'importation pour les safous. Ca fait cinq ans qu'elle est sur le marché. On sait que c'est interdit, c'est vrai, on sait. Mais le plus grand dealer du monde, on ne l'interpelle pas comme çà. Les policiers se sont mis à trois dessus dès qu'elle a été dans la voiture. Ils l'ont frappée. Les gens étaient surpris de voir sa tête toute saignante. »

« Je me dis qu'il y a plus de racisme que de travail là-dedans, conclut Marie, sévère. C'est ça qui rend les gens rebelles. » Puis, s'amusant : « Si la police vient, vous entendrez Nié. Au Cameroun, on appelle la police Nié. Les Nié nous ont sorti la magie ! »
Soudain, une rumeur, Marie saisit sac de safous et tabouret et s'avance, interrogative, vers le milieu de la rue. Fausse alerte.

Damien a filmé une partie de la scène avec son portable, mardi soir. Un des policiers a tenté de l'en empêcher. « Il m'a tordu le pouce, et il m'a dit "tu veux ton téléphone par terre ? Je vais te le détruire." C'était son rôle de vérifier que personne ne prenait de photos. J'ai filmé. J'ai vue une femme par terre. Je l'ai vue se débattre avec de la police autour. Un policier s'est mis à crier. C'était comme un cri de guerre. Ininteligible» Sur ses images, l'on aperçoit Josiane entourée de policiers, un enfant qui s'est trouvé aspergé de gaz, et la seconde femme enceinte emportée par les pompiers.

Emmanuel a croisé la voiture de police qui emportait Josiane. « J'ai vu un flic à l'arrière qui semblait assis sur quelqu'un d'allongé, et qui tapait dessus, me raconte-t-il. C'est après qu'on m'a dit que c'était une femme enceinte que la police venait de faire rentrer dans la voiture, la tête la première. »

Louise, la seconde femme enceinte, ne faisait que ses courses, au marché Dejean. Elle était partie acheter du manioc quand elle a vu l'attroupement. Peu après, elle a téléphoné à Christophe, son mari, qui l'attendait à sa voiture. « Viens, j'ai reçu un coup », lui a-t-elle dit. « Je me suis approchée en voyant que les policiers demandaient à cette femme de lui remettre sa marchandise. Mais ils ont commencé à la brutaliser. Ils ont appelé des renforts. Je n'en revenais pas qu'ils la brutalisent comme çà. Cinq flics l'ont mise dans la voiture. Ils la tiraient. Et elle ne voulait pas entrer dans la voiture. Je ne comprenais pas : ce n'est pas une voleuse, cette femme. Les renforts sont arrivés, ils ont dit "Reculez" et ils ont sorti leurs lacrymogènes, et ils ont frappé. J'ai reçu un coup au niveau des reins. Le coup m'a fait tomber. Ca m'a fait peur. Le policier n'est même pas venu me voir. Tout le monde lui a dit que j'étais tombée. Il n'est même pas venu voir. » Louise est finalement prise en charge par une troisième équipe de policiers, puis par les pompiers qui l'ont conduite à l'hôpital Lariboisière avec un hématome dans le dos.

Mercredi vers midi, Josiane a quitté l'hôtel Dieu, où elle avait été conduite sous le régime de la garde à vue. La police lui reprochait des "outrages à dépositaire de l'autorité publique". Le parquet a décidé de ne pas donner suite. Josiane et son mari, par contre, envisagent de déposer plainte.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire