Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté. Reuters.
Le revenu de solidarité active va être expérimenté.
Par TONINO SERAFINI/LIBERATION
QUOTIDIEN : mercredi 18 juillet 2007
Jusque-là, c’est Christine Lagarde qui a occupé le banc du gouvernement. Le temps pour l’Assemblée nationale de voter une vague d’allégements fiscaux d’un montant de plus de 13 milliards d’euros destinés aux ménages aisés : bouclier fiscal, baisse de l’ISF, droits de succession minorés, crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt ( Libération des 13 et 14-15 juillet). Lorsque la ministre de l’Economie a passé le relais à Martin Hirsch, haut commissaire du gouvernement chargé des Solidarités, lundi soir, il a été question d’une autre France : celle des sept millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté.
«Choc des symboles». La loi Tepa (travail, emploi, pouvoir d’achat) comporte, en effet, une mesure d’expérimentation du revenu de solidarité active (RSA). L’objectif est d’assurer une augmentation des revenus des allocataires du RMI et de l’Allocation de parent isolé (API) en cas de retour à l’emploi, même à temps partiel. Le retour à l’activité devant se traduire par une sortie de la pauvreté. Mais les sommes qu’entend consacrer le gouvernement au RSA sont dérisoires. «Monsieur le haut commissaire, le choc des symboles pèse lourd dans ces dispositifs : 13 milliards pour une poignée de favorisés, contre 25 millions pour les 50 000 personnes du dispositif d’expérimentation», a fulminé la députée (PS) Marisol Touraine. «Si le dispositif [.] nous a fait rêver, car il se voulait un plan de bataille contre toutes les pauvretés, il s’est réduit comme peau de chagrin», a-t-elle pointé.
Sur les bancs de gauche, tous les orateurs ont souligné qu’ils adhéraient «au principe du RSA» . Mais le président du groupe PS, Jean-Marc Ayrault a déploré le manque d’ambition d’un dispositif «très éloigné [.] dans la méthode et les conditions d’application», des travaux de la commission «Familles, vulnérabilité, pauvreté» présidée en 2005 par un certain Martin Hirsch, à l’époque président d’Emmaüs. C’est au sein de cette instance qu’avait germée l’idée du RSA, qui ambitionnait d’agir sur toute la sphère de la pauvreté. Les groupes PS et PCF se sont donc abstenus lors du vote de l’article instituant le RSA. Réponse du haut commissaire : «J’ai bien compris votre soutien et votre demande de fidélité absolue au dispositif élaboré en 2005». Mais il a demandé aux députés de faire preuve de patience. «Il serait paradoxal de croire que le fait de franchir un premier pas - grâce à l’expérimentation - nous éloignerait de l’objectif final», a-t-il expliqué, rappelant que l’idée est «de réduire de 30 % en cinq ans» le nombre de pauvres.
Cadeaux fiscaux. Mais lorsqu’il s’est agi de passer aux travaux pratiques, c’est-à-dire au financement, le gouvernement et la majorité UMP se sont montré pingres, refusant un amendement défendu par le socialiste Christophe Seringue, stipulant que «l’Etat doit financer cette expérimentation». «D’après ce que nous avons vu ces derniers jours, vous n’en êtes pas à quelques millions près», a-t-il observé malicieusement, allusion aux cadeaux fiscaux que les députés UMP ont accordé à coups d’amendements. Mais arrivés au RSA, plus question de lâcher le moindre euro supplémentaire. Adopté par la droite, le projet de loi Tepa, devrait être examiné à partir de mercredi au Sénat.
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