04/07/2007

Encore une part de gâteau ?

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Société/LIBERATION
Les sarkozystes se paient la Défense
Une nouvelle répartition des pouvoirs sur le quartier d’affaires.
Par R.L.
QUOTIDIEN : mercredi 4 juillet 2007
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«Mascarade clientéliste», «arrangement entre amis» en vue de privilégier des «intérêts circonscrits aux quartiers d’un ministre qui est aussi président de conseil général». Et qui est désormais président de la République. Début 2007, l’opposition n’avait pas eu de mots assez durs pour dénoncer l’adoption en urgence au Parlement d’une refonte de la Défense : trois millions de m2 de bureaux, 1 500 sièges sociaux accueillant 170 000 salariés, premier quartier d’affaires en Europe. Le diagnostic est partagé par tout le monde (20 % des buildings les plus anciens seraient à reconstruire) mais la nouvelle répartition des pouvoirs répond surtout aux intérêts locaux des sarkozystes: piloté jusqu’à présent par l’Etablissement public d’aménagement de la Défense (Epad), associant l’Etat et les collectivités locales, le QG des affaires est désormais flanqué d’un Epad bis aux mains du conseil général des Hauts-de-Seine (50 %), des communes de Puteaux et Courbevoie (25 % chacune). Exit l’Etat. A l’origine, un plan de relance présenté en 2006 par Dominique Perben, ministre de l’Equipement, et Nicolas Sarkozy. Mais sous quelle casquette: ministre de l’Aménagement du territoire, président du conseil général, président de l’Epad ?
Squeezé. Perben et Sarkozy n’évoquent que la relance de la construction, 450 000 m2 supplémentaires exonérés de la redevance bureau, mais n’osent pas toucher à l’Epad. Le sénateur UMP Roger Karoutchi (aujourd’hui secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement), dépose un projet de loi créant le nouvel établissement, qui va récupérer les équipements gérés par l’Epad. Cela n’est pas scandaleux en soi : jusque-là, les riches communes de Puteaux et Courbevoie percevaient les recettes fiscales sur les bureaux sans financer les aménagements publics. Elles vont mettre la main à la poche, du moins en théorie: car le transfert des équipements - à titre gratuit - sera précédé de travaux de rénovation financés par l’Epad, (70 millions d’euros). La supercherie est à son comble quand les promoteurs de cette «meilleure gouvernance» évoquent l’intérêt général : le conseil régional d’Ile-de-France est squeezé, la municipalité de Nanterre ignorée, au profit du plus riche des départements. Jacqueline Fraysse, députée des Hauts-de-Seine et maire (PCF) de Nanterre, ­dénonce l’accentuation du ­déséquilibre est-ouest : 50 000 alariés supplémentaires sont prévus à la Défense, pour 1 400 logements nouveaux. Les sarkozystes altoséquanais s’en moquent : les transports en commun, c’est à la charge du conseil régional à majorité socialiste.

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