22/07/2007

Les compétences, admettons, mais le plaisir de voir le PS se déchirer, voilà une autre raison de pratiquer l'ouverture... (Reuters)

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Jeudi 19 Juillet 2007 - 10:32

Ouverture : Sarkozy lâche le morceau
Par Frederic Waringuez, frederic-waringuez
http://www.lejdd.fr/cmc/blogs/200729/ouverture--sarkozy-lache-le-morceau_39826.html

Trêve d'hypocrisie. Devant 2000 cadres de l'UMP réunis mercredi soir au Caroussel du Louvre, à Paris, Nicolas Sarkozy a fait un triomphe. Désireux de rassurer ceux qui, dans son camp, émettent quelques réserves au sujet de l'ouverture, le président de la République a révélé, à ceux qui ne l'avaient pas compris, qu'il s'agissait en réalité d'un calcul politique visant à enfoncer le PS.


Les compétences, admettons, mais le plaisir de voir le PS se déchirer, voilà une autre raison de pratiquer l'ouverture... (Reuters)Patrick Devedjian est ressorti hilare de la réunion qui se tenait à huis-clos. Le secrétaire général de l'UMP venait en effet de retrouver son Nicolas Sarkozy. Le vrai. Pas celui qui l'a privé de maroquin ministériel alors qu'il se rêvait place Vendôme. Non, mercredi soir, c?était le Sarkozy d'avant. Le Sarkozy mordant de la campagne présidentielle. Le Sarkozy de la droite décomplexée.

Venu remercier les notables de l'UMP, le chef de l'Etat voulait aussi et surtout désamorcer le début de grogne dans le parti venu de ceux qui digèrent mal les nominations à des postes honorifiques de personnalités de gauche. Ce phénomène qu'on appelle l'ouverture et qui a consisté à enrôler au gouvernement Bernard Kouchner, Jean-Marie Bockel ou encore Fadela Amara. Mais l'ouverture c'est aussi Dominique Strauss-Kahn, candidat de la France pour le FMI ou Jack Lang, vice-président du Comité de réflexion sur la réforme des institutions?

Cette ouverture, Nicolas Sarkozy a appelé les siens à l'appliquer aux prochaines municipales en 2008. Politiquement correct, le président de la République a d'abord parlé de "main tendue" expliquant que "l'ouverture était la réponse aux attentes des Français et un besoin vital dans un pays qui a besoin de modernité". Mais devant la moue perplexe de l'auditoire, lassé d'entendre qu'il fallait aller chercher les compétences partout où elles sont, le chef de l'Etat a finalement dû se résoudre à livrer le fond de sa pensée et à exposer des arguments plus... frappants. L'ouverture, a-t-il reconnu, c'est bien sûr une stratégie pour affaiblir le Parti socialiste en le privant de ses "meilleurs éléments".

Ainsi, Bernard Kouchner : "La gauche n'a pas utilisé ses compétences et moi je l'ai fait", a-t-il dit, selon la députée Nadine Moreno. "Il est populaire, pourquoi voulez-vous que je m'en prive ? Je laisse au Parti socialiste ceux qui ne le sont pas", a-t-il ajouté d'après Patrick Devedjian.
A propos de Dominique Strauss-Kahn dont il devenu l'impresario pour le placer à la tête du FMI, Nicolas Sarkozy n'a pas caché sa satisfaction de retirer au PS le seul "moderne" du parti, selon un participant.

L'ouverture à outrance donc pour enfoncer encore plus un PS complètement désarmé. Au point que selon un autre témoin de cette belle soirée, le président de la République a oublié le nom de Fadela Amara, sa secrétaire d'Etat à la politique de la Ville, nommée à la surprise générale dans le gouvernement Fillon...

Adepte des formules qui font mouche, Nicolas Sarkozy s'est ainsi montré "brillant" selon le zélé Patrick Devedjian qui rapporte la saillie suivante qui ne laisse en effet aucun doute sur les intentions profondes du chef de l'Etat: "Pendant que sur le grand bateau de la France les socialistes essayent de colmater les voies d'eau dans la cale, moi je hisse la grand' voile et je rassemble les Français pour les réformes".

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