PARIS - Alors que le projet de loi sur le service minimum dans les transports terrestres était examiné pour la première fois la veille par le Sénat, le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault dénonce mercredi dans cette disposition "un bel exemple d'hypocrisie politique".
"Nos mises en garde sur l'inutilité voire la dangerosité du texte n'ont pas été entendues", constate le syndicaliste dans un entretien publié mercredi par "Libération". Le syndicat CGT a prévu une journée d'action le 31 juillet sur la question.
"Ce projet de loi est un bel exemple d'hypocrisie politique. Première hypocrisie : on laisse entendre aux usagers des transports que la grève est le premier fléau qui les affecte. Or, 90% des perturbations dans les transports (...) sont le plus souvent liées à des incidents techniques", poursuit Bernard Thibault.
"Deuxième hypocrisie: on laisse croire aux usagers qu'ils peuvent bénéficier d'un service garanti", ajoute-t-il.
Il dénonce aussi des atteintes "au droit constitutionnel de grève", qui deviendrait ainsi, selon lui, "un droit mineur" comparé à d'autres droits "comme la liberté d'entreprendre ou la liberté de circulation".
Estimant "la déclaration préalable" comme une atteinte au droit de grève, car elle oblige "les salariés à déclarer quarante-huit heures à l'avance ce qu'ils comptent faire", il juge aussi le non-paiement des jours de grève comme de "la provocation pure et simple".
Soupçonnant le gouvernement de se prémunir d'un éventuel conflit à la rentrée sur les régimes spéciaux, le leader de la CGT annonce "en septembre une grande campagne nationale d'explication sur la situation des retraites".
Concernant le débat sur les mesures fiscales et les heures supplémentaires achevé mardi à l'Assemblée nationale, Bernard Thibault craint que "les heures supplémentaires restent à la discrétion des employeurs et en aucun cas à la demande spontanée des salariés", et que ces dispositions profitent surtout aux entreprises, "qui vont engranger de nouveaux allégements de cotisations" et "recourir aux heures supplémentaires plutôt que de privilégier le recrutement de salariés".
"A la rentrée, les questions sociales seront aussi prédominantes quelles l'ont été pendant la période de débat électoral", assure le syndicaliste, avant de promettre: "si le gouvernement continue d'ignorer l'opinion des syndicats, il ne pourra pas s'étonner que l'ambiance devienne plus tendue". AP
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