LETTRE OUVERTE à Monsieur SARKOZY, Président de la République
Monsieur le Président,
Je tiens à vous le dire d’entrée : je n’ai pas voté pour vous ! Ancien Chef d’Entreprise à la retraite, j’ai l’esprit pragmatique et aucune idée préconçue, mais j’aime bien voir avant de signer ! Donc à nous revoir dans six mois.
Mais d’ici là, je voudrai vous dire quelques petites choses sur la ’Valeur des choses’. Car avec vous le mot ’Valeur’, terme quelque peu bivalent, a sacrément pris de la Valeur ! Valeur de ceci, valeur de cela, et notamment « Valeur du Travail ». Ce Travail, dont vous en avez même fait le thème central de votre campagne Présidentielle. C’est beau, c’est grand, c’est logique et c’est louable ! Mais est-ce bien vrai tout cela ? Est-ce bien net ? Ne pensez-vous pas, Monsieur le Président, que les propos que l’on vous fait tenir et que vous martelez avec coeur, sont quelque peu ambigus et surtout un peu trop flous ! Pour ma part, je crois que tous les technocrates qui vous conseillent, ne semblent avoir sur le ’Travail’ que des connaissances théoriques ou livresques, apprisent dans les Grandes Ecoles, l’ENA comprise. Et qui vont, comme par hasard, dans le droit fil des désideratas du MEDEF.
Il s’avère, que le Travail et la Condition Ouvrière, je connais ! Je connais même assez bien, pour l’avoir vécu des deux côtés de la barriere, comme l’on dit. En effet, mes premiers contacts avec le milieu du Travail, se sont déroulés en 1936, lorsque jeune Enfant j’allais porté la gamelle à mon Père, qui faisait la grève sur le tas, chez RENAULT à Billancourt. Et c’est toujours chez RENAULT, que j’ai commencé en 1941, ma carrière professionnelle comme Apprenti Ajusteur à l’àge de 14 Ans. Et c’est en 1963, à 36 Ans, que j’ai créé mon Entreprise (mécanique, 100 personnes). Entreprise reconnue pour ses innovations, tant techniques que sociales, que j’ai cédé à mes Cadres en 1987, pour partir à la retraite.
Je vous prie de m’excuser de ce long descriptif, Monsieur le Président, mais j’ai jugé nécessaire de me présenter, afin de donner plus de crédibilité à mes propos. Parce que je dois vous dire que je n’apprécie pas beaucoup le fait de s’appuyer sur le noble concept du Travail, pour développer à tout va, des assertions tendancieuses et rétrogrades :
Tendancieuses, car le mot Valeur a un double sens : qualitatif et quantitatif, et sciemment ou inconsciemment, vous laissez planer la confusion entre la valeur et la durée du Travail. C’est ainsi qu’en parlant de la ’Valeur du Travail’, l’Employé pense à sa Valeur Qualitative et Sociale, ... alors que l’Employeur, lui, ne pense qu’à sa Valeur Quantitative et financière, c’est à dire : à combien ça me rapporte ! Rétrograde, votre fameux slogan : « Travaillez plus, pour gagner plus », à qui vous devez certainement votre victoire. Car reconnaissez avec moi, que pour parler vrai, il aurait été plus honnête de dire : « Transpirez plus, pour gagner plus ». C’est à dire : Travailler et transpirer plus, comme on le faisait au début de l’ère industrielle, au temps des Manufactures et du travail des Enfants, au temps aussi des Maitres des Forges, où l’on travaillait 12 heures par jour et plus ! Ce que vous nous proposez là, n’est ni plus ni moins, qu’un énorme retour en arrière de notre évolution Sociétale ! C’est inscrire votre futur dans notre passé !
Mais alors, pourquoi le Progrès ? Comme vous le voyez, Monsieur le Président, l’orientation que l’on veut vous faire donner à notre si belle FRANCE, correspond à ce que l’on appelle « la négation du Progrès » ! C’est la négation de la Créativité Française ! La négation de l’Intelligence et de l’Esprit Français. C’est aussi et surtout la négation de la FRANCE comme modèle et comme ’phare du Monde’. A quoi donc servirait le Progrès, si les Hommes doivent toujours travailler plus ! Le Monde bouge, alors pour rester dans la course, changez votre slogan et dites : « Le Progrès c’est travailler moins, gagner plus, et vivre mieux ! »
Ou mieux encore, ma devise personnelle que j’ai présenté à l’Unniversité de PAU, il y a une trentaine d’années et que je vous offre de grand coeur :
Le Bonheur, c’est « Vivre et Travailler, à la LUEUR de son front »
Car c’est bien de Bonheur, dont il s’agit ! Ne vous trompez pas d’époque, Monsieur le Président, informez-vous et méditez, vite, ou vous allez rater le train de l’Histoire ! Oui, comprenez, vite, qu’à présent le ’Travail’ n’est qu’une nécessité et non plus une finalité, comme vous semblez encore le croire. Aujourd’hui c’est le ’Bonheur’ qui est devenu la finalité de l’Humanité ! Ne prenez surtout pas mon discours, pour du ’prêchi-prêcha’ ou pour du verbiage de demeuré ! En ce début de 3eme millénaire, des esprits érudits ont déjà compris et nombreux sont ceux qui commencent à comprendre, que le Bonheur est l’objectif premier des Hommes.
Suivez l’évolution, Monsieur le Président, lisez et faites lire à votre aréopage, la page 31 du Journal « LE FIGARO » de ce 14 Mai. Lisez notamment l’article intitulé « Le bonheur est une idée neuve en économie », où l’on apprend que l’austère OCDE, l’Organisation de Coopération et de Développement Economique, vient d’organiser à Rome un colloque sur le thème très hédoniste : « peut-on mesurer le bonheur ? » ... On cite également l’ONU qui a déjà mis en place, des « indicateurs de développement humain »... Sans jouer les prophètes, ni les gourous, les Economistes du Bonheur veulent révéler, « les satisfactions réelles des Hommes, des Travailleurs et des Consommateurs » ; On y a même inventé un nouveau sigle : après le PNB, le Produit National Brut, connu de tous les économistes, nous avons à présent le BNB, le Bonheur National Brut, qui bientôt sera tout aussi connu !
L’EUROPE, est en avance dans ce domaine là, et le CAS, le Centre d’Analyses Stratégiques européen, souhaite que la FRANCE s’engage davantage, afin : de promouvoir des politiques permettant de concilier vie familiale et vie professionnelle, ainsi que de rechercher l’équilibre entre les objectifs sociaux et les objectifs économiques. Notons aussi que le CAS étudie également les possibilités de créer un « Salaire Minimum Européen » , etc.
Comme vous le voyez, Monsieur le Président, à un moment où des économistes, des capitalistes et même des financiers se réunissent, pour parler ensemble de questions sociales et même de parler du Bonheur, votre leitmotiv ’Travaillez plus, pour gagner plus’, fait quelque peu désordre. Et le plus déplorable dans cette affaire c’est que personne ne vous ai alerté, tous vos amis de l’UMP, du Gouvernement et du Patronat , tels les moutons de Panurge, vous ont emboîté le pas. A moins que ce soit le MEDEF, qui vous ait donné l’idée !
Non, Monsieur le Président, la solution n’est pas celle que vous proposez. La solution n’est pas d’accroître la valeur et la durée du Travail, mais bien plutôt d’en partager[1] de façon plus équitable, les revenus et les profits ! Et pour cela la solution n’est pas très compliquée : « Il suffit tout simplement de fixer une ’limite maximum’ à notre grille des salaires » Pour peu que l’on y réfléchisse, c’est à coup sûr l’absence totale de réglementations en haut de l’échelle des rémunérations, qui est le défaut rédhibitoire du Capitalisme ! Ce Capitalisme, qui sans cette énorme faille, serait le meilleur régime qui soit ! « La Liberté totale n’existe nulle part, même pas dans la Nature ! Sauf... dans le système Capitaliste ultra-libéral ».
Il nous faut donc absolument mettre de l’ordre et de l’équité dans notre capharnaüm salarial, et à cette fin.après avoir créé le SMIC, pour fixer une limite inférieure aux salaires, nous devons en toute logique en fixer la limite supérieure, que nous pourrions par exemple dénommée : - Le " SMAC ", le " Salaire Maximum Autorisé aux Champions ".
La solution est simple certes, mais ô combien difficile en sera la mise en application ! D’abord pour définir la ’LimiteMaximum’, que personne, même le Super Champion de tous les Business, n’aurait le droit de dépasser : ... 20,.. 30,..50, ... 100 fois, ?? Le "SMIC " ? Ou plus encore ?
Et ensuite, difficulté aussi, pour en faire accepter le principe.
Il ne sera pas facile en effet, de faire comprendre aux grands patrons, notamment à ceux du CAC 40, avec leurs privilèges et leurs ’parachutes dorés’, aux spéculateurs, aux affairistes, aux saltimbanques des plateaux et aux bateleurs des gazons, bénéficiaires de salaires scandaleux, que le temps des injustices argentifères est révolu ! Sans oublier, car on n’y pense pas assez, les cadres supérieurs du Public et du Privé qui bien souvent ont des rémunérations bien trop élevées et qui n’ont pas conscience que pour pouvoir leur payer des salaires aussi exagérés, les Entreprises doivent obligatoirement serrer fort, les bas-salaires. Sacrée erreur, car si, comme on le dit, la consommation est le moteur de l’économie, ce n’est pas en réduisant le casse- croûte des travailleurs, que l’on vendra davantage de pain et de beurre.
Tous ces Champions du Travail, oeuvrent certes pour la richesse et la gloire de la France, mais leur valeur personnelle serait d’autant plus admirée, que la valeur de leur paye serait moins élevée ! Il n’est quand même pas normal qu’aujourd’hui, des milliers et des milliers d’individus, honnêtes ou malhonnêtes, Champions du boulot ou Champions du culot, ou de la magouille, aient des revenus qui atteignent les hauts sommets de l’Himalaya, alors que des millions de besogneux ont des salaires qui n’arrivent même pas au niveau de la Mer Morte !
Immense, formidable, mais long et difficile Challenge, Monsieur le Président, que d’inventer et d’instaurer sur Terre le « Capitalisme Pondéré par les Revenus ». Et si je pense qu’aujourd’hui, il y a peu d’Hommes capables de relever et surtout de gagner, un tel défi, je crois que vous pouvez être de ceux là ! Je suis persuadé en effet, même si je ne suis pas toujours d’accord avec vous, que par vos ’valeurs’ intrinsèques, votre courage, votre intelligence et votre ténacité, vous seriez capable de remporter cette sacrée victoire !
Alors, Monsieur SARKOZY, divine surprise pour le 1er Juillet prochain : Avec l’annonce de l’actualisation du SMIC, annoncez la création du SMAC en FRANCE.
Là, est toute la raison de ma présente Lettre Ouverte !
Je vous remercie de votre attention, et dans l’attente de nos six mois,
Je vous adresse, Monsieur le Président de la République, mes plus chauds et plus sincères voeux de réussite, pour vous et pour la FRANCE.
Notes
[1] Le Partage Equitable du Progrès : (P.E.P.)
Source
Raymond MONEDI
http://www.cerclepep.com/
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