22/07/2007

« Vous croyez que c’est normal de me tabasser ? »

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quelque prescision sur cette affaires!!!!!!


Assise sur un tabouret à l’angle de la rue Dejean, Josiane, la vendeuse de safous, me raconte son interpellation, mardi soir. Elle déplie une feuille de papier : c’est un certificat de constatation de lésions fait par le médecin qui mentionne des ”cervicalgies aigues“. Elle a dix jours d’ITT. Elle confirme ce qu’ont vu les témoins. La brutalité des policiers, les coups et pour finir la garde à vue.



Josiane a tout dit ou presque. Mais j’ai pris des notes avant de la filmer, et aussi après.
« Les policiers sont venus me demander mes papiers, m’a-t-elle raconté. Ils m’ont dit de ne pas bouger. La foule s’est rassemblée. Et puis un policier m’a tirée. J’ai dit “tu m’amènes où ?“ Il m’a dit “au commissariat“. Et il m’a tirée, alors j’ai dit “laissez moi marcher !“ Un policer m’a donné un coup de poing sur le nez et j’ai commencé à saigner. Il m’a poussée et je suis tombée.





D’autres policiers m’ont tirée encore. J’étais couchée au milieu de la rue…Après ils m’ont jetée dans la voiture. Je me suis retrouvée allongée dans la voiture à l’arrière. Le policier est monté sur mon dos, et il me tabassait, il me donnait des coups sur la tête de gauche à droite. Une femme de la police était devant avec le conducteur.Au commissariat, ils m’ont annoncé que j’étais en garde à vue pour outrage. Après je me suis allongée par terre dans une cellule de la Goutte d’or. Deux dames étaient avec moi. Personne ne m’a dit un mot. J’ai pensé “je vais mourir dans ce commissariat“. Les pompiers sont arrivés, mais ils m’ont laissé. Ils sont partis.Quand j’ai vu l’officier, je lui ai demandé : “Pourquoi me tabasser ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Je n’ai pas volé ! Vous croyez que c’est normal de me tabasser“. L’officier m’a dit “oui, c’est normal“.Finalement, vers une heure du matin, ils m’ont amené à l’hôtel Dieu, mais là il n’y avait pas d’échographie… J’ai été transportée dans un autre hôpital, pour faire l’échographie, puis je suis revenue à l’hôtel Dieu. J’étais dans des salles fermées [ndlr, division semi-carcérale de l’hôpital, les urgences médico-judiciaires]. A midi, deux dames sont venues pour me demander de signer ma libération. J’ai les oreilles bouchées. J’ai le cuir chevelu qui me fait mal. Je prends un Efferalgan toutes les deux heures, et des gouttes pour les douleurs aux oreilles. J’accouche bientôt. »



Le mari de Josiane, Traore, est là aussi. Sur la vidéo filmée par Damien, on le voit, avec un tee-shirt rouge, qui tente de s’interposer, tout en tenant son fils par la main. On le voit aussi avec son fils dans les bras, après avoir reçu des gaz lacrymogènes. Il raconte à son tour :



« Quand je suis arrivé, elle était par terre. Un policier avait son pied entre ses jambes. J’ai dit mais pourquoi on met une femme enceinte par terre ! Dès que j’ai voulu m’approcher, ils m’ont envoyé des gaz lacrymogènes. Ils m’ont dit : “vous prenez l’enfant comme bouclier“. Je ne le prenais pas comme bouclier, c’est mon fils ! Ils ont embarquée Josiane de force au commissariat. Après tout ça, je suis allé au commissariat de la Goutte d’or pour savoir comment allait ma femme. Et pour lui remettre ses chaussures. Ses chaussures étaient restées dans la rue. Au commissariat, les gens ont pris les chaussures, vers 22 heures, mais personne ne m’a dit comment elle allait, ni où elle se trouvait. Elle est quand même enceinte ! Je voulais savoir si la maman se portait bien... Les policiers m’ont dit “on ne sait pas…“ Et pourtant on n’est pas contre la police. Chacun fait son boulot. De 18 heures jusqu’au lendemain midi, je suis resté sans nouvelles ! C’est elle qui m’a appelé vers midi, pour me dire qu’elle se trouvait à l’hôtel dieu. J’étais choqué. Je ne savais pas à qui m’adresser. Je ne connaissais pas l’adresse de l’IGS (Inspection Générale des Services) alors je suis allé au ministère de l’Intérieur. Et je suis même passé à la présidence, qui est à côté. Ils m’ont conseillé d’aller déposer plainte auprès des gendarmes… »



Depuis, Traore a récupéré l’adresse de l’IGS. Il a prévu d’aller déposer plainte lundi.

libération.fr

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