En France, on serre la vis
BERNARD DELATTRE/LA LIBRE BELGIQUE
Mis en ligne le 01/08/2007
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La lutte contre les immigrés "subis" ayant été érigée en priorité nationale, aucune régularisation n'est attendue.
Les polémiques sur les sans-papiers en deviennent quasi permanentes.
Et elles redoubleront encore à la rentrée.
CORRESPONDANT PERMANENT A PARIS
Un jeune gay iranien sauvé in extremis par les associations, le week-end dernier, du renvoi vers son pays et donc de la potence. Des sans-papiers qui, cette semaine, dépérissent à Lille des suites d'une grève de la faim entamée pour certains depuis juin. Une femme âgée, le mois dernier, arrêtée... dans son bain par les policiers. Un grand-père chinois sans papiers interpellé de manière houleuse à Paris, en pleine campagne présidentielle, devant l'école et sous les yeux de son petit-fils. Des "rafles", cet hiver, de sans-papiers faisant la queue dehors dans le froid pour la soupe populaire. D'autres qui, l'été dernier, sont interpellés en chemin vers la préfecture pour déposer leurs demandes de régularisation.
Chaque semaine ou presque en France apporte désormais son lot de polémiques sur le sort réservé aux clandestins - au nombre de 200 000 à 400 000 selon les autorités. C'est d'autant plus vrai depuis que les dernières élections présidentielles et législatives ont conforté au pouvoir une droite qui a fait sa priorité du passage d'une immigration "subie" vers une immigration "choisie", en accord notamment avec l'"identité nationale".
Du coup, à l'été 2006, la dernière opération de régularisation en date (d'enfants sans papiers scolarisés) n'a bénéficié qu'à 6000 des 30000 demandeurs. Entre 2002 et 2006, les reconduites effectives d'illégaux aux frontières ont augmenté de 140 pc. Et les autorités ont fixé comme objectif cette année d'interpeller 125000 clandestins et d'en expulser 25000.
En septembre, une quatrième loi sur l'immigration en quatre ans restreindra encore un peu plus l'immigration via le regroupement familial. L'immigration au titre de l'asile a, elle, déjà été réduite à la portion congrue. En 2006, la France a octroyé l'asile à 7 000 personnes environ (contre 14000 un an plus tôt) et n'a recueilli que 30000 requêtes (-38 pc par rapport à 2005).
Cette politique musclée a valu au gouvernement une vaste réprobation d'une écrasante majorité du tissu associatif, qui l'accuse de mener une véritable "chasse aux sans-papiers" et de privilégier une "immigration jetable". Elle lui a également valu les condamnations de plusieurs organisations internationales ainsi que les rappels à l'ordre très secs d'instances de contrôle comme la Cour de Cassation ou le Conseil d'Etat.
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