PARIS (AFP) 06/08/2007 - 16:01
Infirmières bulgares: les Européens ont "payé le prix" d'un "chantage", selon le fils Kadhafi
Le fils du président libyen, Seif el-Islam Kadhafi, déclare à l'hebdomadaire américain Newsweek que l'affaire des infirmières bulgares a été un "chantage", mais que les Européens ont aussi fait chanter les Libyens et ont "payé le prix" d'un "jeu immoral".
Il affirme aussi, dans l'édition internationale de l'hebdomadaire datée du 13 août, qu'un engagement de Paris dans le secteur de la santé en Libye se chiffre à des "centaines de millions d'euros".
La libération des infirmières -dans laquelle Paris a joué un important rôle- a donné lieu à une polémique en France sur l'existence d'éventuelles contreparties.
Interrogé sur l'attitude de Tripoli dans cette affaire le fils du dirigeant libyen explique: "du chantage? Peut-être. C'est du chantage, mais les Européens ont aussi fait du chantage".
"C'est un jeu immoral, mais ils ont établi les règles du jeu, et les Européens paient maintenant le prix...", déclare Seif el-Islam Kadhafi. "Tout le monde a joué sa carte pour favoriser ses intérêts dans son pays".
Les cinq infirmières et un médecin ont été détenus pendant plus de 8 ans et condamnés à mort sous l'accusation --contestée-- d'avoir délibérément inoculé le virus du sida à plus de 400 enfants.
Il rappelle les dédommagements (460 millions d'euros) obtenus par les familles des victimes libyennes, tout en refusant de confirmer une nouvelle fois que le Qatar avait avancé les fonds. "Les Français ont réussi à nous amener l'argent", a-t-il seulement répété.
"Et la Bulgarie, la Slovaquie et d'autres pays européens ont effacé la dette de la Libye. Et ils ont donné plus encore", ajoute-t-il.
A la question de Newsweek de savoir "qu'est ce que les Français ont offert et que personne n'a fait", le responsable libyen répond: "Nous parlons de centaines de millions d'euros pour soutenir le secteur de la santé en Libye".
Il explique qu'il en coûtera "pas moins de 300 millions d'euros pour l'hôpital de Benghazi" que la France s'est engagée, depuis plus d'un an, à rénover. Paris n'a jamais officiellement fourni d'évaluation du coût de cette aide.
"Et ce n'est pas une simple question d'argent, mais aussi de management et d'appui technique pour faire fonctionner l'hôpital avec des personnels français et des liens avec des hôpitaux français", ajoute le responsable libyen.
La France et la Libye ont signé lors d'une visite du président Nicolas Sarkozy à Tripoli après la libération des infirmières un projet d'accord sur une centrale nucléaire pour le dessalement de l'eau de mer.
"C'est un très gros et très onéreux" réacteur, a dit le responsable libyen. Quant à son coût "je ne sais pas. Des milliards".
Le groupe européen EADS a d'autre part confirmé vendredi avoir signé un contrat portant sur la livraison à Tripoli de missiles anti-chars Milan pour 168 millions d'euros.
Confronté aux critiques en France de l'opposition, M. Sarkozy a exclu toute idée que la libération des infirmières eut fait l'objet de "contreparties".
Enfin, interrogé sur le rôle de Cécilia Sarkozy, émissaire de M. Sarkozy en Libye et qui a ramené les infirmières en Bulgarie, Seif el-islam Kadhafi explique que l'épouse du chef de l'Etat français "a été la dernière à être intervenue dans ce dossier et c'est celle qui est revenue avec les infirmières".
"Elle est très chanceuse. Beaucoup de personnes avaient essayé avant", commente-t-il.
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